Le Grand Fribourg passe à une dimension supérieure. Couvrant dix communes jusque-là, le projet d’agglomération de cinquième génération concerne désormais 25 communes, s’étendant donc largement au-delà des localités de la périphérie directe. Au niveau économique, plus de la moitié de l’activité cantonale y est concentrée, avec des enjeux majeurs à résoudre en termes de terrains mis à disposition et d’accessibilité pour toutes les activités commerciales.
Ce projet a été mis en consultation durant l’été et devrait être formalisé cet automne. D’apparence très technique et sans grandes répercussions sur les entreprises ou la population, ce type d’instrument constitue en réalité le véritable fil rouge auquel toutes les collectivités publiques devront se rattacher. De ce document dépendront la mise à disposition des zones à bâtir ainsi que les améliorations attendues par de nombreuses sociétés en termes de mobilité.
Force est de constater que la proposition d’agglo fribourgeoise de cinquième génération (PA5) est pour le moins restrictive. Elle va jusqu’à «proscrire toute extension du territoire d’urbanisation avant l’horizon 2032», et cela alors que les entreprises ont déjà aujourd’hui toutes les peines du monde à dénicher des parcelles pour y implanter de nouvelles activités.
Plutôt que de restrictions, l’agglomération fribourgeoise a besoin que l’on desserre un peu l’étau de l’aménagement du territoire
Philippe Gumy
En termes de mobilité, l’objectif vise avant tout à réduire le nombre de places de parc, alors que ces dernières sont globalement insuffisantes dans un contexte de croissance démographique soutenue. Le canton de Fribourg affiche en effet l’un des plus forts accroissements du nombre d’habitants et les chantiers résidentiels sont légion à Fribourg et alentour, Marly ayant même rejoint l’an dernier le cercle des dix communes où l’on construit le plus, rapporté au nombre d’habitants.
Dans un tel contexte, le PA5 se doit d’être plus volontariste et plus pragmatique. Pour permettre aux nouveaux habitants de réduire la distance de leurs trajets pour se rendre au travail, il est indispensable de créer des emplois et permettre aux entreprises de se développer dans le Grand Fribourg. Et donc de mettre à disposition des terrains, sans attendre les futures années 1930.
A l’inverse, l’augmentation de la population implique que l’on ne serre pas complètement le frein à main en termes de mobilité motorisée privée et de place de stationnement, ce que tend à laisser entendre la planification proposée. Sans changements, le PA5 porte tous les germes de l’aggravation des problèmes actuels, à savoir une augmentation du nombre de pendulaires et une diminution de l’attractivité commerciale du centre cantonal, qui risque d’être encore moins accessible.
L’agglomération fribourgeoise dispose d’atouts de premier ordre avec son bilinguisme, sa proximité de la capitale fédérale et de l’Arc lémanique, ses hautes écoles et une population bien formée. Plutôt que de restrictions, elle a besoin que l’on desserre un peu l’étau de l’aménagement du territoire. C’est possible, tout en respectant le cadre fédéral, et hautement souhaitable pour l’avenir de tout le canton.