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Budget de la Confédération: quelle place pour l’armée?

Il existe une bonne façon de financer le renforcement de la défense. Par Vincent Simon

«Dans les années 1960, l'armée pesait environ le tiers du budget fédéral. Il faut dire que l’armée comptait à l’époque 600.000 hommes, tous équipés pour un conflit potentiel.»
KEYSTONE
«Dans les années 1960, l'armée pesait environ le tiers du budget fédéral. Il faut dire que l’armée comptait à l’époque 600.000 hommes, tous équipés pour un conflit potentiel.»
Vincent Simon
Economiesuisse - Suppléant romand et responsable de projets
28 août 2024, 15h00
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Pour la fin 2024, la Confédération prévoit un déficit de 1,6 milliard de francs. Les années suivantes, des dépenses supplémentaires de plusieurs milliards sont annoncées, en raison notamment de l’inéluctable évolution des dépenses sociales et de santé notamment. Afin de respecter le frein à l’endettement, le Parlement devra donc examiner les mesures d’économies qui seront présentées par un groupe d’experts. Et pour financer la hausse des budgets de l’armée? Là, c’est un relèvement de la TVA qui est en discussion.

La position relative de l’armée dans les budgets de la Confédération n’a fait que s’affaiblir depuis plusieurs décennies. Dans les années 1960, elle pesait environ le tiers du budget fédéral. Il faut dire que l’armée comptait à l’époque 600.000 hommes, tous équipés pour un conflit potentiel. Vingt ans plus tard, soit dans les années 1980, la part dévolue à la défense avait reculé à environ 20% du budget. Par la suite, après la chute du Mur de Berlin, les «dividendes de la paix» se traduisirent encore par une stagnation des dépenses.

Il y avait eu aussi en 1989 la votation sur l’initiative du GsSA. Les «pacifistes» réclamaient la suppression de l’armée. Le score du oui, 36%, avait été un tremblement de terre pour la «grande muette». Elle n’était plus en odeur de sainteté et le blocage de ses budgets s’en trouvait confirmé. Par la suite, sa part relative dans les dépenses s’est encore réduite à 12% environ en 2000 et, en 2023, à moins de 9%.

Bien des citoyens ignorent que l’AVS est déjà aujourd’hui le premier poste de dépenses de la Confédération, avec plus de 10 milliards par an

Vincent Simon

Notons au passage que la trajectoire des dépenses sociales est inverse. Leur poids dans le budget fédéral est plus ou moins équivalent à celui de l’armée en 1960. Les dépenses sociales, subsides aux primes maladie comprises, représentent désormais le tiers des charges. Cette évolution n’est pas près de s’interrompre, étant donné l’évolution démographique. Bien des citoyens ignorent que l’AVS est déjà aujourd’hui le premier poste de dépenses de la Confédération, avec plus de 10 milliards par an.

Mais revenons à nos soldats: depuis l’agression de la Russie contre l’Ukraine, la paix ne va plus de soi sur le continent. Le Parlement a donc souhaité rattraper des décennies de sous-investissements en décidant d’attribuer 1% du PIB à l’armée d’ici à 2030, contre 0,7% actuellement. Cela ne se fait pas sans difficulté, car cela implique soit d’économiser ailleurs, soit de proposer des hausses d’impôts.

C’est précisément la voie choisie par le centriste Benedikt Würth (SG), qui suggère d’augmenter temporairement la TVA d'un point pour couvrir la hausse des coûts due à la 13e rente et renforcer les budgets de l’armée. Cette proposition représente un défi politique, mais elle a deux avantages: elle évite de remettre en cause le frein à l’endettement et elle laisse aux citoyens le soin de montrer à quel point la défense a de l’importance à leurs yeux. Cette voie est intéressante, à condition d’exploiter préalablement toutes les possibilités d’économies.