Un journaliste me demandait récemment comment j’utilise le réseautage et ce qu’il m’apporte. Alors que je passe une partie conséquente de ma vie professionnelle à rencontrer des gens de tous horizons et à nouer des contacts, je ne m’étais pas posé la question de manière aussi frontale.
Le mot réseautage me paraît galvaudé. Il renvoie trop souvent l’image de ces personnes qui papillonnent d’un groupe à l’autre dans les cocktails mondains, n’accordant leur attention à l’autre que le temps de lui fourguer leur carte de visite ou leur LinkedIn. Ce type de contact parfaitement superficiel ne mène à rien, hormis à l’épuisement des personnes qui agissent de la sorte et à la lassitude de celles et ceux abordés de cette manière cavalière.
A réseautage, je préfère les mots «nouer des contacts» ou «créer du lien». Cela suppose qu’on investisse du temps dans la relation, qu’elle ait lieu dans le monde analogique ou virtuel. Pour réussir à créer, à développer et à entretenir un réseau de relations professionnelles, voire personnelles, dans le but d’atteindre des objectifs spécifiques, il est recommandé de procéder de manière rationnelle. Il faut répondre aux questions: qui doit savoir que j’existe, que puis-je dire d’intéressant. Des réponses à ces questions dépendront la manière de construire son réseau, comme sa zone géographique, les contenus en ligne générés, les événements auxquels aller, etc.
Le réseau fonctionne dans les deux sens. On ne peut pas toujours être celui qui demande, il faut aussi être celui qui donne.
Véronique Kämpfen
L’idéal est de pouvoir interconnecter les contacts virtuels et personnels. Aller prendre un café avec une personne avec qui des échanges intéressants se sont noués sur un réseau social se révèle souvent productif, tout comme se connecter en ligne avec quelqu’un dont on a fait la connaissance lors d’un événement.
Il est un point essentiel à ne pas négliger: le réseau fonctionne dans les deux sens. On ne peut pas toujours être celui qui demande, il faut aussi être celui qui donne. Concrètement, cela se traduit par du partage d’expérience et du soutien. Les grandes écoles l’ont bien compris, qui ont créé de longue date des réseaux d’alumni et qui les entretiennent de façon professionnelle. Ainsi, l’EHL Business Hospitality School organise 300 événements par année dans le monde entier, où les anciens étudiants mettent leurs réseaux professionnels, mais aussi privés, à la disposition de leurs pairs. L’International Institute for Management Development (IMD) fait de même, dans un esprit de formation continue et de mentoring. Ces réseaux agissent aussi comme une porte d’entrée dans la vie active, offrant des tremplins professionnels aux jeunes diplômés. Ceux-ci, à leur tour, rendront la pareille, créant un cercle vertueux.
D’autres organismes facilitent les rencontres entre personnes ayant des sujets d’intérêt en commun, comme les associations professionnelles ou économiques, dont la Fédération des entreprises romandes fait partie. La mise en relation de ses membres est l’une de ses missions. Cela se traduit par plus de cent trente événements et formations organisés par année et une présence active sur les réseaux sociaux.
Créer un réseau demande du temps. S’armer de patience pour bâtir des relations pas à pas est nécessaire, tout comme trouver du plaisir et de l’intérêt dans les échanges. Ce n’est qu’ainsi qu’on pourra faire montre d’authenticité, indispensable sésame des rapports humains.