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Apprendre à l’ère de l’intelligence artificielle

Le système universitaire doit se réformer pour continuer à capter les bons étudiants et retenir en son sein le meilleur corps professoral possible.

«En 2008, le terme Mooc a été utilisé pour la première fois par Dave Cormier et Bryan Alexander pour décrire un cours intitulé 'Connectivism and Connective Knowledge' (CCK08) créé à l’époque par George Siemens et Stephen Downes. Ce cours a réuni environ 2300 participants en ligne.»
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«En 2008, le terme Mooc a été utilisé pour la première fois par Dave Cormier et Bryan Alexander pour décrire un cours intitulé 'Connectivism and Connective Knowledge' (CCK08) créé à l’époque par George Siemens et Stephen Downes. Ce cours a réuni environ 2300 participants en ligne.»
Xavier Comtesse
Manufacture Thinking - Mathématicien et président
04 février 2025, 15h00
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Nous avons connu, il y a une quinzaine d’années, l’émergence de l’enseignement en ligne sous l’acronyme Mooc (Massive open online course). Les universités et les institutions de formation supérieure ont suivi rapidement ce type d’enseignement. Regroupés principalement sur les plateformes «Coursera» fondée à Stanford ou la concurrente «edX» (élaborée par les américains MIT et Harvard), ces cours attirent des centaines de millions d’étudiants chaque année dans le monde entier et sont devenus des références importantes pour le recrutement en entreprise. C’est une manière de parfaire sa formation de base dans une université prestigieuse à un prix acceptable. Depuis la crise du Covid et le confinement forcé, les Mooc se sont développés davantage avec de nouveaux acteurs comme les «Sept fantastiques».

Il est aujourd’hui temps de faire le point sur une rupture fondamentale: l’enseignement supérieur est désormais de plus en plus dématérialisé, délocalisé et digital!

Aujourd’hui, face à son écran, sur Zoom, YouTube ou en Mooc et demain en mode IA, l’étudiant apprend tout, quand il veut, plus vite et souvent tout seul

Xavier Comtesse

Le «présentiel» avec professeurs et étudiants réunis dans une même salle de cours semble bientôt faire partie du passé. Aujourd’hui, face à son écran, sur Zoom, YouTube ou en Mooc et demain en mode intelligence artificielle (IA), l’étudiant fait face à son futur. Il apprend tout, quand il veut, plus vite et souvent tout seul. C’est désormais un ensemble de capsules éducatives choisies à la carte qui compose son cursus. Il est aux commandes. Il choisit, il picore de-ci de-là. En même temps, une sorte de compétition entre fournisseurs de savoir s’installe. A ce jeu, les grands de la Tech vont être éventuellement les gagnants?

Pourquoi Microsoft, Google, AWS, Apple et maintenant Nvidia sont-ils à la manœuvre? Simplement parce qu’ils cherchent les talents et offrent donc une palette de cours impressionnants souvent supérieure à celle des universités, notamment dans des branches spécifiques comme l’informatique afin d’attirer les meilleurs. Moins chers et plus actualisés, ces cours sont offerts désormais à des centaines de millions d’étudiants. Justement, ils rassemblent du monde et parmi eux, les têtes bien faites. C’est cela l’enjeu: repérer et former les plus doués et les garder. Pour les universités, la compétition s’annonce âpre.

Prenons un cas particulier: celui de l’enseignement de l’IA.

En 2008, le terme Mooc a été utilisé pour la première fois par Dave Cormier et Bryan Alexander pour décrire un cours intitulé «Connectivism and Connective Knowledge» (CCK08) créé à l’époque par George Siemens et Stephen Downes. Ce cours a réuni environ 2300 participants en ligne. Aujourd’hui, ce sont des millions d’utilisateurs qui se retrouvent sur la plateforme de «Nvidia Academy» pour se former aux savoirs avant-gardistes des meilleurs ingénieurs IA au monde.

Pour être employable demain par une entreprise de la Tech, il vaudrait mieux suivre les cours de celle-ci!

Xavier Comtesse

La connaissance est une denrée périssable: elle ne dure que le temps de sa «vérité» et en technologie, la pérennité n’est pas envisageable. Il faut donc renouveler les savoirs de manière continue. Les Mooc des entreprises de la tech sont alors nettement plus appropriés.

C’est un sacré revirement pour l’histoire de l’enseignement: pour être employable demain par une entreprise de la Tech, il vaudrait mieux suivre les cours de celle-ci!

Le système universitaire va devoir bouger, se réformer et envisager de nouvelles formes de fonctionnement pour non seulement continuer à capter les bons étudiants mais aussi retenir en son sein le meilleur corps professoral possible. Dans une branche comme l’IA, le challenge est peut-être déjà passé...

Lire aussi le Livre: L’Ecole 4.0, éditions Georg