La semaine écoulée a été agitée par la perspective du début de remontée des taux de la Réserve fédérale américaine (Fed) et par des résultats d’entreprises mitigés. Les fluctuations boursières ont été particulièrement violentes et l’on a pu assister à des -5% +5% intra journaliers sur les indices. Les tensions en Ukraine, l’abaissement des prévisions de croissance économique mondiale par le FMI, des perspectives d’entreprises décevantes et l’imminence d’une politique monétaire moins accommodante, la Fed devenant plus «hawkish» pour contenir l’inflation, expliquent cette volatilité.
Un relèvement de taux plus rapide qu’anticipé
Lors de sa réunion, la Fed a maintenu ses taux directeurs et son président a admis que l’inflation pourrait s’établir durablement au-dessus de son objectif et que les problèmes des chaînes d’approvisionnement étaient plus importants qu’anticipé. Ces indications laissent entendre qu’une première hausse de taux aura bien lieu en mars. Le marché a tenté de discerner le rythme de ces hausses des taux, car Jerome Powell est resté muet quant à un calendrier précis, tout en assurant qu’il disposait d’une marge de manœuvre confortable pour agir. Ceci laisse présager un relèvement plus rapide qu’anticipé. Les contrats futurs sur les Fed funds anticipent à 94% la probabilité de cinq hausses de taux de 25 points de base cette année. Le message est clair, la Fed se focalise désormais complètement sur la lutte contre l’inflation. Son baromètre favori pour la mesurer, l’indicateur PCE, a d’ailleurs progressé de 5,8% sur un an en décembre, en ligne avec les attentes. Ce changement de cap ne devrait pas être rédhibitoire pour l’économie, mais enlèvera un soutien important au marché.
La croissance reste solide avec un PIB aux Etats-Unis qui a avancé de 6,9% au quatrième trimestre sur un an. Les dépenses de services sont à l’origine de l’augmentation de 3,3% des dépenses personnelles. En 2021, le PIB américain a ainsi progressé de 5,7%, sa plus forte hausse depuis 1984.
Dans l'attente de la Banque centrale européenne
L’économie mondiale est suffisamment solide pour faire face à des taux plus élevés. L’épargne abondante et l’emploi solide devraient soutenir la progression des dépenses de consommation malgré une baisse temporaire du pouvoir d’achat.
La semaine dernière a été marquée par les résultats d’Apple qui a battu de nouveaux records de ventes, réalisant près de 124 milliards de dollars de chiffre d’affaires en trois mois. De même que le groupe LVMH, qui a vu ses ventes bondir à 64 milliards d'euros et un bénéfice de 12 milliards en 2021, bien au-dessus des résultats avant pandémie.
Cette semaine, la réunion de la Banque centrale européenne et plusieurs indicateurs économiques, parmi lesquels l’inflation en zone euro et le rapport mensuel de l’emploi aux Etats-Unis, retiendront l’attention des investisseurs. Les résultats de grands noms seront sous le feu des projecteurs, avec notamment Google, AMD, Amazon, Paypal et Meta Platforms. Quant aux marchés chinois, de Taiwan et de Corée du Sud ils seront fermés en raison du nouvel an lunaire.
Paypal: la compression des valorisations offre certaines opportunités
La société américaine Paypal, offre un service à ses utilisateurs qui leur permet d’effectuer des paiements en ligne sans donner de numéro de carte de crédit ou de compte bancaire. Elle offre ainsi une couche d’abstraction très sécurisante entre, d’un côté les deux parties à la transaction, et de l’autre leur compte en banque respectif (compte cash ou carte de crédit). Acquise en 2002 par le géant Ebay, Paypal fut à nouveau rendue au marché en 2015 après un spin-off.
Paypal dérive la quasi-totalité de ses revenus des frais liés aux paiements, retraits et changes effectués via son service (environ 15 milliards de transactions traitées par an). Le groupe dispose également de ses propres cartes de crédit. Son nombre d’utilisateurs actifs dépasse désormais les 380 millions et le groupe compte également plus de 30 millions de comptes marchands. Le titre a corrigé de plus de 50% depuis le 3e trimestre 2021. Contrairement à d’autres titres ayant subi le même sort, les fondamentaux du groupe sont solides et la société dispose de plus de 13 milliards de liquidités pour une capitalisation boursière de 190 milliards de dollars. Paypal affiche également une bonne évaluation sous l’angle ESG avec une note de «A». La forte correction a ramené sa valorisation à des niveaux qui reflètent désormais raisonnablement la croissance attendue de ses bénéfices (entre 15% et 20% par an).
