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Une issue électorale contestée, toutefois bien célébrée

Marché obligataire. Sans égard pour Trump, Wall Street se réjouit du succès moindre qu’escompté des démocrates.

Une issue électorale contestée, toutefois bien célébrée
François Christen
One Swiss Bank à Genève
10 novembre 2020, 21h44
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Les élections aux USA ont capté une grande partie de l’attention des investisseurs, qui se sont désintéressés de l’actualité économique et sanitaire (jusqu’à l’annonce réjouissante de Pfizer, lundi). Sans attendre les résultats du duel opposant Donald Trump à Joe Biden, Wall Street a célébré l’absence de «vague bleue» qui devrait priver les Démocrates d’une double majorité parlementaire, au Sénat et à la Chambre des Représentants. Avec quelques jours de recul, on a appris que les Démocrates peuvent encore espérer dominer le Sénat si leurs candidats s’imposent lors d’un second tour qui interviendra en janvier en Géorgie. Le contrôle partagé des chambres parlementaires revêt une importance particulière pour le marché obligataire soumis à l’influence de la politique fiscale. Une large victoire des Démocrates auraient impliqué un plan de relance budgétaire plus ambitieux que celui qui s’annonce si les Républicains conservent leur majorité au Sénat. Dans cette perspective, les rendements à long terme ont chuté à la lecture des premiers résultats préfigurant le statu quo au Sénat, puis ils sont repartis à la hausse après l’annonce des résultats en Géorgie qui donneront lieu à un second scrutin, en janvier 2021. Très volatile depuis mercredi, la structure des taux d’intérêt en dollars US s’est finalement redressée, conduisant le rendement du T Note à dix ans au-dessus de 0.9% après un bref passage à 0.73%. La réaction des actifs risqués, notamment des actions, traduit en revanche un fort enthousiasme que la plupart des commentateurs ont attribué à la perspective du partage des forces parlementaires, puis à la perspective de disposer bientôt d’un vaccin contre le Covid-19. La victoire hautement probable de Joe Biden n’inquiète pas Wall Street dans une configuration qui ne devrait pas permettre un redressement marqué de la fiscalité des entreprises.  Malgré une petite incertitude résiduelle et le refus de Donald Trump de concéder sa défaite, les résultats paraissent suffisamment tranchés pour déboucher sur une transition non chaotique, sans que l’incertitude ne se prolonge trop longtemps et sans troubles sociaux majeurs. Reléguée au second-plan par les élections, l’évolution de la conjoncture reste assez favorable aux USA. Le dernier rapport de l’emploi fait état de la création de 638.000 postes en octobre et d’un recul marqué du taux de chômage à 6.9% (contre 7,9% en septembre). Les 751.000 nouvelles demandes hebdomadaire d’indemnités de chômage suggèrent toutefois que le marché du travail reste affaibli. L’indice ISM consacré aux secteurs non manufacturiers a fléchi (56,6 après 57,8), mais reste à un niveau synonyme d’expansion de l’activité. Comme escompté, le FOMC n’a rien fait ou annoncé de marquant. Sur le front sanitaire, les nouvelles sont inquiétantes, puisqu’on observe un fort rebond des nouveaux cas et des décès imputable au Covid-19 qui laisse craindre des nouvelles restrictions entravant la reprise économie.

Le rendement du Bund se redresse grâce à Pfizer

L’Europe, en prise avec une deuxième vague de Covid-19 qui menace de saturer les hôpitaux, affiche des symptômes de ralentissement qui affectent principalement certaines entreprises de services, dont le PMI a fléchi en octobre (46,9 après 48). Ce deuxième (semi-) confinement, moins strict qu’au printemps passé, devrait faire moins de dégâts que le précédent. L’activité manufacturière et la construction se poursuivent.  Plus confiants, les ménages devraient réorienter leurs dépenses sans procéder à des coupes sévères. Dans cette logique, la Banque de France estime la «perte de PIB» (par rapport à une situation normale) en novembre à 11%, à comparer avec une chute de 31% en avril. Il est prématuré de célébrer l’amélioration de la situation sanitaire, mais on perçoit dans plusieurs pays européens, y compris en Suisse, une inflexion des courbes épidémiques qui reste à confirmer. Logiquement, les mesures prises à fin octobre devraient commencer à porter leurs fruits et peut-être éviter un durcissement accru des contraintes. En outre, les bons résultats qui viennent d’être dévoilés au sujet du vaccin concocté par Pfizer renforcent l’optimisme des investisseurs. Alors que les bourses européennes ont suivi Wall Street à la hausse, les taux d’intérêt en euros sont restés impassibles jusqu’à l’annonce de Pfizer. Le rendement du «Bund» allemand à dix ans s’est alors redressé à -0,53%, tandis que le rendement des emprunts de la Confédération à dix ans a atteint -0.49%. Au Royaume-Uni, la Banque d’Angleterre a maintenu le taux d’intérêt de base à 0,1% et annoncé une extension des achats d’actifs de 150 milliards pour un total de 875 milliards de livres sterling, tout en laissant entendre qu’elle pourrait accentuer ses efforts pour stimuler l’activité et ramener l’inflation vers l’objectif de 2%. Les «Gilts» n’ont toutefois pas été épargnés par des tensions assez vives. Sur le marché du crédit comme sur celui des actions, on observe un recul des primes de risque. Malmené à fin octobre, le segment des emprunts «high yield» s’est bien repris et affiche un «G-spread» moyen qui a reflué en-dessous de 5%. * Banque Profil de Gestion à Genève