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Une Fed impassible face aux signes de vigueur

La banque centrale américaine n’a pas émis le moindre signal préfigurant un resserrement monétaire.

François Christen
One Swiss Bank à Genève
04 mai 2021, 22h53
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Les pendules sont remises à l’heure: la correction survenue la semaine passée efface les gains engrangés quelques jours auparavant. Le rendement du T-Note US à dix ans s’est aux environs de 1,6% après un bref passage à 1,53%. Ces tensions sont alimentées par des symptômes de redressement de l’activité qui corroborent l’optimisme ambiant. La croissance du PIB des USA a atteint 6,4% au premier trimestre (en rythme annualisé, conformément à l’usage), faisant mentir ceux qui avaient prédit une contraction de l’activité en lien avec la deuxième vague de Covid-19 qui a frappé les Etats-Unis durant l’hiver. Cette expansion a ramené le PIB à 1% du pic atteint au quatrième trimestre 2019.

La robustesse de l’activité n’est guère étonnante au regard des efforts de relance budgétaire accomplis depuis le début de l’année. Les ménages ont reçu des chèques en janvier, puis une nouvelle salve de transferts en mars, ce qui a provoqué un envol de plus de 10% de la consommation privée durant le premier trimestre. Les dépenses sont principalement consacrées à des biens, au détriment des services qui sont plus pénalisés par les restrictions sanitaires. L’investissement s’est révélé robuste, alors que les exportations nettes ont fléchi.

Une Fed impassible face aux signes de vigueur

Immobilisme conforme au plan de Fed

De nombreux indices suggèrent que cette expansion vigoureuse se poursuit et pourrait s’amplifier si les campagnes de vaccination conduites actuellement permettent de surmonter la crise sanitaire. Les ménages sont loin d’avoir dépensé l’entièreté des aides qui leur ont été accordées; le taux d’épargne a atteint 27% en mars. L’indice de confiance des consommateurs du Conference Board a bondi de 109 en mars à 121,7 en avril ! Les demandes d’indemnités de chômage ont poursuivi leur repli, reflétant un rétablissement persistant du marché du travail. En repli, mais encore élevé, l’indice ISM manufacturier (60.4 en avril après 64.7 en mars) reflète un climat des affaires favorable.

Malgré ces développements réjouissants, la Fed maintient un cap très stimulant. Le FOMC a relevé un renforcement de l’activité et de l’emploi, mais il n’a émis aucun signal préfigurant une réduction des achats d’actifs (« tapering » en jargon). Cet immobilisme est conforme au plan précédemment esquissé par la Fed, mais il est difficile à réconcilier avec l’actualité et le cap fiscal archi-stimulant mis en œuvre par Joe Biden et sa frêle majorité parlementaire. Il est vrai que l’adoption du plan de relance consacré aux infrastructures s’annonce moins aisée que celle de l’American Rescue Plan ratifié en mars et que la Maison Blanche a posé les bases d’un alourdissement de la fiscalité qui pourrait refroidir l’enthousiasme de Wall Street.

La «double» récession de la zone euro

La zone euro n’a pas échappé à une «double» récession. Son PIB a fléchi de 0,6% durant le premier trimestre 2021 après avoir cédé 0,7% au T4 2020 (rythme trimestriel, non annualisé). Ce décalage s’explique par une situation sanitaire plus sombre et des mesures de soutien moins prononcées. Les indicateurs récents annoncent toutefois un rebond de la croissance dès le deuxième trimestre. L’indice de confiance économique de la Commission européenne a bondi de 100,9 en mars à 110,3 en avril. L’écart par rapport au pic d’activité s’élève à 5,5%, ce qui place la zone euro à l’abri de tout dérapage sérieux de l’inflation. Le renchérissement, estimé à 1,6% en glissement annuel en avril (mais seulement 0,8% hors énergie et alimentation) reste inférieur à l’objectif visé par la BCE. Les taux d’intérêt à long terme en euros ont poursuivi leur rebond, conduisant le rendement du Bund à dix ans aux environs de -0,2%, au plus haut depuis mars 2020.