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Un retour au calme, mais pas à la normale

L’action de la Fed a permis d’endiguer la crise des banques régionales sans toutefois la résoudre.

Le reflux des rendements et le revirement partiel de la Fed imposé par l’instabilité du système financier se sont révélés bénéfiques pour les valeurs de croissance telles que les actions technologiques et les cryptomonnaies.
Keystone
Le reflux des rendements et le revirement partiel de la Fed imposé par l’instabilité du système financier se sont révélés bénéfiques pour les valeurs de croissance telles que les actions technologiques et les cryptomonnaies.
François Christen
One Swiss Bank à Genève
04 avril 2023, 20h00
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Le tumultueux mois de mars s’est achevé par un retour au calme précaire caractérisé par un redressement des actions et des emprunts risqués et un léger repli des obligations gouvernementales. Aux Etats-Unis, le rendement du T-Note à 10 ans s’est redressé aux environs de 3,5%. Le rendement du T-Note à 2 ans est repassé au-dessus de 4%, mais reste loin du niveau de 5% observé avant la chute de la Silicon Valley Bank (SVB) qui a brutalement remis en question le plan de route de la Réserve fédérale américaine (Fed).

Malgré un épisode de tensions en février, les rendements en dollars ont reflué sur l’ensemble du trimestre, permettant aux investisseurs d’engranger des gains qui s’échelonnent entre 3% pour les obligations du Trésor US et 4% pour les obligations d’entreprises Investment Grade. Le segment High Yield affiche aussi un rendement total avoisinant 3%. Le reflux des rendements et le revirement partiel de la Fed imposé par l’instabilité du système financier se sont révélés bénéfiques pour les valeurs de croissance telles que les actions technologiques et les cryptomonnaies.

Un retour au calme, mais pas à la normale

Occultée par l’instabilité du système bancaire, l’activité présente des signes de tassement. Les dépenses des ménages affichent une progression modeste en février après avoir littéralement flambé en janvier. La progression de l’indice de prix associé à ces dépenses (0,3% mensuel, 5% en glissement annuel; respectivement 0,3% et 4,6% hors énergie et alimentation) demeure supérieure à l’objectif de 2%, mais continue à refluer. En guise de prélude au rapport de l’emploi attendu vendredi, le niveau réduit des demandes d’indemnité de chômage reflète toujours un marché du travail tendu. Le déclin de l’indice ISM manufacturier de 47,7 en février à 46,3 en mars traduit toutefois une dégradation sensible de la marche des affaires qui pourrait déboucher sur une récession avant la fin de l’année.

Diverses statistiques monétaires et bancaires montrent que les banques régionales aux Etats-Unis sont confrontées à des retraits massifs au profit des fonds monétaires et des plus grandes institutions qui continuent, heureusement, à inspirer confiance. Ces retraits impliquent un recours au nouveau programme de prêts mis sur pied par la Fed après la chute de SVB. En bref, le système bancaire américain est toujours sous perfusion et sévèrement affecté par le relèvement des taux d’intérêt en dollars.

En Europe, la courbe des rendements en euro est repartie à la hausse dans un contexte plus serein pour les banques européennes. A posteriori, il semble que l’épisode de panique déclenché par l’envol des CDS de Deutsche Bank s’apparente à une fausse alerte sur un marché peu profond qui n’est pas à l’abri de tentatives de manipulation. L’actualité conjoncturelle est toujours mitigée. L’érosion de l’indice du sentiment économique de l’Union européenne, en repli de 0,3 point à 97,4, n’est guère significative. Inchangé à 6,6%, le taux de chômage de la zone euro s’établit toujours au plus bas depuis le lancement de la monnaie unique.

L’estimation préliminaire de l’inflation fait état d’un reflux marqué du renchérissement annuel de 8,5% en février à 6,9% en mars. Ce repli est bienvenu, mais trompeur car il résulte essentiellement d’un effet de base très favorable sur les prix de l’énergie qui avaient augmenté au début de la guerre en Ukraine. L’inflation sous-jacente et la progression mensuelle des prix observée en mars sont loin d’être satisfaisantes, ce qui suggère que la Banque centrale européenne relèvera à nouveau ses taux d’intérêt directeurs le 4 mai. Les circonstances pourraient toutefois inciter les gouverneurs à se contenter de relèvements de 0,25 point de pourcentage en attendant d’observer des signes probants de désinflation qui devraient se matérialiser au second semestre.