Le climat d’insouciance qui prévalait en juillet a fait place au doute et à l’inquiétude en août. Les marchés obligataires ne sont pas épargnés, notamment aux Etats-Unis où des tensions significatives ont conduit le rendement du T-Note à 10 ans vers 4,3%, au plus haut depuis 2007! Les mêmes causes produisant les mêmes effets qu’en 2022, la correction obligataire a brisé l’élan haussier des actions.

Le redressement des rendements observé la semaine passée est alimenté par des symptômes de vigueur persistants aux Etats-Unis. Reflet assez fidèle de la consommation des ménages, les ventes au détail affichent une progression soutenue en juillet (1% mensuel, 5,3% en glissement annuel, en valeur, sans autos et carburant), bien au-delà des attentes. Le renforcement de la production industrielle (1% mensuel, -0,2% en glissement annuel, en termes réels) a aussi surpris favorablement. A ce jour, la plupart des indicateurs apportant un éclairage sur l’activité traduisent une expansion robuste au troisième trimestre.
Le tableau n’est pas dénué de zones d’ombre. En repli de 0,4% en juillet, l’indicateur composite avancé du Conference Board annonce toujours une récession qui pourrait se matérialiser en 2024.
NAHB (50 en août après 56 en juillet) suggère que le marché immobilier est affecté par le rebond marqué des taux d’intérêt hypothécaires observé depuis quelques semaines.
Le procès-verbal de la dernière réunion du FOMC souligne l’incertitude qui entache les perspectives économiques et la nécessité de fonder les décisions qui seront prises lors des prochaines réunions sur la base des informations à venir. Sans surprise, le procès-verbal laisse entrevoir la possibilité d’un relèvement accru du taux d’intérêt des Fed funds pour ramener l’inflation vers l’objectif de 2%. Certains membres du FOMC ont toutefois évoqué le risque d’un resserrement excessif (et pas seulement insuffisant). L’intervention de Jerome Powell au symposium de Jackson Hole permettra de mieux cerner la perception et les projets de la Réserve fédérale (Fed) à la lumière des indicateurs récents. Il est toutefois peu probable que le banquier central dévoile un plan de route précis de nature à bouleverser les marchés financiers.
Emprunts en livres sterling sous pression
En Europe, les emprunts en livres sterling sont également sous pression: le rendement du Gilt à 10 ans a atteint 4,75% avant de refluer vendredi en réaction au repli des ventes au détail en juillet. Malgré un léger redressement du taux de chômage à 4,2% en juillet, la progression soutenue des salaires (7,8% en glissement annuel entre avril et juin) devrait conforter la Banque d’Angleterre dans sa volonté de relever davantage les taux d’intérêt pour refroidir une inflation qui reste trop élevée (0,3% mensuel, 6,9% annuel, hors énergie et alimentation). En l’absence de nouvelles ou déclarations marquantes du côté de l’UME, les emprunts en euros présentent de rendements stables. Le reflux de l’inflation et un climat des affaires morose pourraient inciter la Banque centrale européenne à s’octroyer une pause le mois prochain.
Sur le marché du crédit, l’élargissement des primes de risque fait écho au régime «risk off» qui sévit à Wall Street. Le niveau actuel des «spreads» (environ 130 points de base en moyenne pour les émetteurs investment grade et 440 pdb pour le segment high yield est encore loin de traduire un stress sévère, ce qui est logique compte tenu de la fermeté de l’économie américaine.