La dernière semaine de février a laissé aux investisseurs un avant-goût de ce qui pourrait se passer si les banques centrales venaient à resserrer leur politique monétaire. La correction des principaux indices boursiers a été déclenchée par la rapide ascension des rendements obligataires à long terme. Le taux américain à dix ans est ainsi passé momentanément au-dessus de 1,6%, un niveau qui dépasse celui du rendement du dividende des actions du S&P 500, de 1,5%, et pourrait les rendre les actions relativement peu attractives, vu leur valorisation très élevée.
Des points d’entrée intéressants
En soi, une hausse des taux d’intérêt à long terme n’est pas forcément mauvaise. La question est de savoir si elle signe la fin d’une période de stabilité des prix, qui n’avaient d’ailleurs que trop résisté aux multiples tentatives des banques centrales pour les faire croître. Est-ce vraiment le retour d’une pression inflationniste potentiellement néfaste ou le témoignage, comme nous le pensons, d’une plus grande confiance dans la robustesse de la croissance économique? Cette seconde hypothèse est confortée par la forte rotation sectorielle qui s’est opérée pour les actions, avec une reprise des valeurs cycliques comme les matières premières, l’énergie et les financières.
L’indice des bancaires américaines est notamment revenu au niveau d’avant la crise financière, avec un gain de 20% en février. Quant à l’impact négatif sur les valeurs de croissance, relativement chères, comme celles de la technologie, il est à notre avis temporaire. Il crée des points d’entrée intéressants car le secteur est porté par la croissance structurelle du stockage cloud, du commerce électronique, de la publicité numérique ou de la 5G.
Un peu partout dans le monde, de l’Asie à l’Europe en passant par les Etats-Unis, les autorités monétaires ont réaffirmé que les conditions de financement vont rester accommodantes avec des mesures de soutien demeurant en place. Ceci a stabilisé les marchés. Jerome Powell, le président de la Fed, a notamment indiqué que l’économie américaine est encore loin des objectifs de plein emploi et d’inflation (à 2%). La BCE va quant à elle rester durablement au chevet des économies européennes car la situation sanitaire n’est pas suffisamment sous-contrôle pour envisager une levée durable des restrictions.
Des indicateurs en progression
Le feu vert de la FDA pour le vaccin de Johnson & Johnson, permettant une maîtrise progressive du coronavirus, et le vote du plan de relance de Joe Biden, qui pourrait être confirmé au Sénat mi-mars, vont sans doute stimuler le PIB américain. Celui-ci pourrait progresser de 7% à 8% cette année, même si la taille du plan de stimulation budgétaire était réduite des 1900 milliards de dollars prévus à 1400 milliards. En Europe, la croissance manufacturière a accéléré avec un indicateur PMI ressorti à 57,9, le meilleur en 3 ans. C’est de bon augure pour les perspectives bénéficiaires, attendues à plus de 30% pour 2021 et 20% pour 2022.