L’anxiété qui a entraîné un recul marqué des actions américaines durant plus d’un mois et demi a subitement fait place à un regain de confiance fragilement étayé par l’actualité macroéconomique. Les obligations ont poursuivi le rétablissement amorcé peu après la dernière réunion du FOMC.
Le rendement du T-Note US à 10 ans a cédé quelques points de base pour s’établir aux environs de 2,75%. Le rendement du T-Note à 2 ans est retombé en dessous de 2,5%, ce qui entraîne un «bull steepening» en jargon obligataire. Les craintes de récession se sont donc estompées au profit d’un scénario d’atterrissage en douceur de l’économie américaine.

Suite du programme incertaine
Le procès-verbal de la dernière réunion du FOMC ne nous a rien appris de neuf. La banque centrale devrait relever son taux d’intérêt directeur d’un demi pourcent en juin et en juillet, mais la suite du programme est incertaine. Si le retour à la neutralité recueille l’ensemble des suffrages, le débat sur la dose de restriction qui se révélera nécessaire pour rétablir la stabilité des prix est loin d’être tranché. Le «faucon» James Bullard a récemment prôné un relèvement des taux d’intérêt des «Fed funds» à 3,5% en fin d’année, mais ses collègues moins austères semblent prêts à réduire la cadence dès septembre si un reflux convaincant de l’inflation se manifeste durant l’été. Reflet des anticipations des investisseurs, les futures du CME s’inscrivent dans la logique du deuxième scénario, avec un taux d’intérêt relevé entre 2,5% et 2,75% en décembre et culminant aux environs de 3% en 2023, avant d’être abaissé en 2024.
L’indice de prix associé aux dépenses de consommation, suivi attentivement par la Fed, met en lumière un léger ralentissement de l’inflation en avril (6,3% en glissement annuel, contre 6,6% en mars). Hors énergie et alimentation, l’indice affiche une progression de 0,3% sur un mois et 4,9% en glissement annuel (contre 5,2% en mars et 5,3% en février). Le pic d’inflation semble donc franchi, mais le renchérissement est encore largement au-dessus de la cible visée par Jerome Powell et ses collègues.
La progression soutenue des dépenses de consommation en avril (0,9% en termes nominaux, 0,7% en termes réels) infirme le diagnostic de stagflation qui hante Wall Street depuis le début de l’année. L’accroissement des commandes de biens durables et le niveau réduit des demandes d’indemnités de chômage reflètent une économie robuste. Le déclin des PMI (53,8 en mai après 56 en avril pour l’indice composite) et le repli sévère des ventes de maisons neuves (au plus bas depuis avril 2020) traduisent toutefois un refroidissement de l’activité, voire les prémices d’une crise immobilière.
Indicateurs rassurants
En Europe, le rendement du Bund allemand à 10 ans a légèrement augmenté pour s’établir près de 1,05%. Le rendement de BTP italien s’est redressé aux environs de 3%. Les PMIs et enquêtes conduites par la Commission européenne montrent que la zone euro digère assez bien le choc provoqué par la flambée des prix de l’énergie. Comme aux Etats-Unis, les indicateurs sont plutôt rassurants et invitent à ne pas céder à la panique en dépit de la nervosité qui s’exprime sur les marchés financiers.
Le rétablissement de la confiance des investisseurs s’est aussi manifesté par le biais d’un déclin des primes de risque associées aux emprunts d’entreprises. Le «G-spread» moyen dans l’univers «Investment Grade» a reflué en dessous de 1,5%. La baisse est encore plus prononcée dans l’univers plus spéculatif des emprunts «High Yield» où le «G-spread» moyen est passé de 534 à 483 points de base au cours de la semaine passée.