Dans l’attente anxieuse du résultat des élections américaines, les obligations en dollars restent sous pression. Le rendement du T-Note US à 10 ans s’est brièvement approché de 4,4% avant de refluer à proximité de 4,3% lundi. Particulièrement copieuse, l’actualité économique est éclipsée par le scrutin du 5 novembre. De fait, le redressement de Donald Trump dans les sondages a joué un rôle central dans la correction obligataire qui a débuté en octobre. Une «vague rouge» conduisant Donald Trump à la Maison-Blanche et les républicains à la tête des deux Chambres parlementaires est perçue comme une menace pour les obligations en dollars qui présentent désormais des valorisations assez attrayantes, sans commune mesure avec les niveaux rédhibitoires observés en 2021.
Le désintérêt des investisseurs et négociants pour les données récentes s’explique aussi par les distorsions qui résultent de deux ouragans et de la grève qui a sévi chez Boeing. La baisse marquée des créations d’emplois, de 223.000 en septembre à 12.000 en octobre, n’a donc pas alarmé Wall Street. La stabilité du taux de chômage à 4,1% et le repli des demandes d’indemnité de chômage à 216.000 selon le dernier relevé hebdomadaire invitent à ignorer le ralentissement de l’embauche observé le mois passé. Le déclin des postes à pourvoir et celui des départs volontaires continuent cependant à traduire un lent refroidissement du marché du travail.
La baisse de l’indice ISM consacré au secteur manufacturier, de 47,2 en septembre à 46,5 en octobre, a aussi été ignorée au profit de l’actualité politique. Le recul marqué du sous-indice relatif à la production est probablement biaisé par la grève chez Boeing. Estimée à 2,8%, la croissance du PIB au troisième trimestre s’est révélée un peu plus faible que prévu en raison de la contribution négative du commerce extérieur. La consommation privée, en hausse de 3,7%, continue à défier les lois de la gravité. Proche de 2%, la progression de l’indice de prix (ou déflateur) lié au PIB est conforme à l’objectif visé la Fed. Le comportement de l’indice mensuel relatif aux dépenses de consommation (PCE) n’était pas toutefois irréprochable en septembre (0,3% mensuel, 2,7% en glissement annuel, hors énergie et alimentation).
Baisse du taux directeur de la Fed
Malgré ce petit revers et la vigueur de l’activité, le FOMC s’apprête à réduire son taux d’intérêt directeur de 0,25% ce jeudi, conformément à un plan de route dévoilé en septembre. En l’absence d’un signal clair dans le communiqué, Wall Street attendra un geste similaire en décembre. Si de telles perspectives monétaires sont bénéfiques pour les actions, leurs implications pour les obligations sont ambiguës, comme en témoigne la correction qui a succédé à la baisse (trop?) généreuse opérée en septembre.
En Europe, les rendements en euros sont soumis à de vives tensions. Estimée à 0,4% au troisième trimestre, la croissance du PIB de la zone euro s’est révélée un peu plus forte que prévu. L’économie allemande ne s’est pas contractée, tandis que les pays du sud de l’UME ont bénéficié d’une bonne saison estivale. Imputable à un effet de base sur les prix de l’énergie, l’accélération de l’inflation dans la zone euro à 2,0% en octobre ne remet pas en question la normalisation des conditions monétaires entamée par la BCE. Le rebond du rendement du Bund à 5 ans aux environs de 2,3%, au plus haut depuis trois mois, pourrait constituer un point d’entrée attrayant. Au Royaume-Uni, le premier budget du gouvernement travailliste a entraîné une forte augmentation des rendements résultant d’une révision à la hausse des besoins en financement du secteur public.