• Vanguard
  • Changenligne
  • FMP
  • Rent Swiss
  • Gaël Saillen
S'abonner
Publicité

Regain d’optimisme en Grèce grâce à la vigueur de la croissance

Le gouvernement a revu les prévisions de croissance à la hausse. La BCE pourrait continuer à acheter de la dette souveraine grecque.

Gianni Pugliese
Mirabaud - Analyste obligataire
23 septembre 2021, 22h59
Partager

L’économie grecque pourrait retrouver cette année les niveaux d’avant la crise. M. Yannis Stournaras, gouverneur de la Banque de Grèce, estime que la vigueur du rebond et l’engagement d’Athènes en faveur de réformes structurelles devraient permettre à la BCE de continuer à acheter de la dette souveraine grecque dans le cadre de ses achats d’actifs, même lorsque le programme d’achats d’urgence lié à la pandémie, ou PEPP, touchera à sa fin.

Ses propos font suite à la récente révision par le gouvernement des projections de croissance pour 2021, qui sont passées de 3,6% à 5,9%. Mais le gouverneur est encore plus optimiste et mentionne des estimations supérieures à 6%. Etant particulièrement dépendant du tourisme le pays a été fortement affecté par la pandémie. En 2020, le PIB a chuté de 8,2% mais une poussée des dépenses de consommation et des investissements a fait grimper le PIB au T2 à 16,2% par rapport au T2 de 2020. Le T3, quant à lui, devrait bénéficier de l’afflux touristique estival. M. Stournaras est également convaincu que la Grèce maintiendra des taux de croissance élevés de l’ordre de 3,5 %, en moyenne, au cours des dix prochaines années.

Réformes structurelles en cours

Une telle croissance offrirait un certain répit au pays après avoir traversé une récession brutale en 2010 et une flambée de l’endettement qui avaient précipité la crise des souverains en zone euro. En outre, la Grèce bénéficiera dans les années à venir d’une aide d’environ 40 milliards d’euros provenant des fonds structurels européens, ainsi que de 32 milliards d’euros du fonds européen de relance économique. Le gouverneur estime toutefois que les principaux moteurs de la croissance seront les réformes structurelles en cours, notamment la libéralisation du marché, les privatisations et l’augmentation des investissements dans l’éducation ainsi que la transformation numérique et écologique. Cette croissance robuste devrait contribuer à faire baisser le ratio dette/PIB de près de 200% cette année à 187% en 2022.

«Transmission de la politique monétaire»

Mais il ne faut pas s’arrêter en si bon chemin. Jusqu’ici, la dette grecque était exclue du plus ancien programme d’achat d’actifs connu sous le nom d’APP en raison de son statut spéculatif (Ba3 Mdy’s/BB S&P). Tel n’est pas le cas du PEPP, dont la flexibilité a marqué une prise de conscience de l’urgence face à l’ampleur de la pandémie. M. Stournaras souhaite donc qu’à la fin du PEPP, l’APP, reprenne une partie de cette flexibilité afin que la BCE continue à acheter des obligations grecques. «Ce n’est pas une question de capacité de la Grèce à assurer le service de sa dette, mais une question de transmission de la politique monétaire», a-t-il déclaré, faisant référence à l’objectif de la BCE de maintenir les coûts d’emprunt à un bas niveau dans toute la région grâce à la poursuite des achats d’obligations.

Une décision d’inclure la dette grecque dans la politique monétaire post-crise de la BCE marquerait une étape importante pour la banque centrale. L’idée ne plaira pas à tous mais le terrain est préparé pour le débat.