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Perturbation bancaire et embellie conjoncturelle

Les autorités monétaires maintiennent un cap restrictif tout en se montrant prodigues avec les banques.

La Réserve fédérale livre un combat sur deux fronts diamétralement opposés.
Keystone
La Réserve fédérale livre un combat sur deux fronts diamétralement opposés.
François Christen
One Swiss Bank à Genève
28 mars 2023, 19h00
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Confrontée à un arbitrage subtil entre la stabilité des prix et celle du système financier, la Réserve fédérale (Fed) livre un combat sur deux fronts diamétralement opposés. La lutte contre l’inflation dicte un cap restrictif qui se révèle néfaste pour un système financier accoutumé à l’abondance de liquidité et, dans certains cas, mal préparé pour affronter le rebond des taux d’intérêt.

Conformément aux attentes, le FOMC a relevé mercredi passé son taux d’intérêt directeur d’un quart de point de pourcentage vers une fourchette comprise entre 4,75% et 5%. Le communiqué officiel n’accorde guère de place au système bancaire américain qualifié de «sain et résistant» alors que l’instabilité à l’échelle occidentale est passée sous silence. La banque centrale note cependant que les développements récents impliqueront probablement un resserrement des conditions d’accès au crédit pour les ménages et les entreprises et pourraient donc entraver l’activité, l’embauche et l’inflation.

Les projections trimestrielles dévoilées par le FOMC intègrent encore un relèvement de taux d’intérêt vers une marge de 5% à 5,25%, suivi d’une réduction conduisant vers une marge de 4% à 4,25% à fin 2024. La Réserve fédérale persiste donc à nier la perspective d’un revirement en 2023, en décalage avec les investisseurs qui escomptent un taux d’intérêt abaissé aux environs de 4% en décembre! Entre ces deux trajectoires, la Banque centrale pourrait prendre un chemin intermédiaire au gré de l’évolution incertaine de l’activité, de l’inflation et des risques systémiques qui planent encore sur le système financier.

Le contexte actuel plaide résolument pour l’arrêt de cycle de relèvements des taux d’intérêt, mais la persistance de l’inflation sous-jacente n’est pas compatible avec l’assouplissement espéré par les investisseurs et reflété par la physionomie de la courbe des rendements en dollars. Dans ce contexte tourmenté, les emprunts gouvernementaux présentent des valorisations peu attrayantes essentiellement étayées par la peur d’une aggravation de la crise bancaire. Tactiquement, le moment est inadéquat pour accumuler des emprunts Trésor sauf pour se prémunir contre le scénario du pire qui, comme chacun le sait, n’est jamais certain.

En Europe, la Banque d’Angleterre a aussi relevé son taux d’intérêt de base d’un quart de point à 4,25%, alors que l’inflation est repartie à la hausse pour s’établir à 10,4% en février (6,2% hors énergie et alimentation). La Banque nationale suisse (BNS) a relevé son taux d’intérêt directeur d’un demi-point à 1,5%, quelques jours après avoir accordé un soutien massif à Credit Suisse, puis à son repreneur UBS. A l’instar de la Fed, la BNS maintient un cap restrictif pour l’économie tout en se montrant très prodigue avec un système bancaire placé sous haute surveillance.

Perturbation bancaire et embellie conjoncturelle

Malgré une fébrilité persistante et un nouvel épisode de «stress» frappant les banques européennes et notamment Deutsche Bank (qui est pourtant à nouveau profitable depuis plusieurs années), la semaine écoulée s’est soldée par un léger redressement des rendements en Europe et un repli timide des primes de risque de crédit. Occultés par la crise de confiance déclenchée par la chute de SVB, puis celle de Credit Suisse, les indicateurs macroéconomiques sont plutôt rassurants: les PMIs dévoilés par S&P Global se sont généralement redressés aux Etats-Unis et en Europe, à l’instar de l’indice IFO qui traduit une amélioration du climat des affaires en Allemagne. Ces développements conjoncturels invitent à ne pas céder à la panique malgré les événements marquants survenus au cours des trois dernières semaines.