L’économie européenne continue de se fragiliser, alors que la locomotive allemande est durement affectée par la crise de son industrie. Et une reprise nette ne semble pas à l’ordre du jour, tant que perdureront les tensions commerciales avec la Chine. Au niveau de l’Union européenne, la croissance dans le secteur des services marque le pas, alors que la contraction se poursuit dans le domaine manufacturier.
Deux éléments complémentaires pourraient aggraver cette situation. En premier lieu, les barrières douanières qui seront mises en place par l’administration Trump dans le cadre du programme présidentiel. Si les contours restent encore flous, une taxe de 20% sur l’ensemble des importations provenant d’Europe serait un véritable coup de massue. Les échanges avec les Etats-Unis représentent 1000 milliards d’euros de biens et services par an. Le coût induit pourrait ainsi atteindre entre 1% et 1,5% de croissance sur le Vieux Continent. Par ailleurs, la confirmation d’une dégradation de la note financière de la France risque d’affecter la zone euro dans son ensemble et de fragiliser la monnaie unique.
Sur le plan de la politique intérieure, la situation s’avère peu reluisante. La France et l’Allemagne font face à de fortes turbulences. Les deux pays sont confrontés à une absence de majorité au Parlement, à une dérive de leurs instances dirigeantes et à une montée des extrêmes.
Les divergences entre les Etats membres ont également tendance à se multiplier. Alors que certains pays plus à l’Est multiplient les ouvertures vers la Russie en désaccord avec la position officielle, des sujets primordiaux comme l’accord avec le Mercosur mettent en lumière les dissensions entre les pays plus sensibles au risque agricole et ceux séduits par les perspectives industrielles.
Enfin, l’environnement international présente son lot d’incertitudes à même d’affecter négativement la zone euro. L’effet du désengagement probable des Etats-Unis en Ukraine reste difficile à mesurer, mais coûterait cher à l’Europe si Bruxelles maintient son soutien à Kiev sans accord de paix. De plus, le risque que représente la Russie aux portes de l’Europe devrait soutenir une volonté d’augmenter les dépenses liées à la défense, malgré une absence de moyens. La montée du nationalisme pro-russe dans certains Etats européens inquiète, notamment en Roumanie, où se situe l’une des plus grandes bases de l’Otan.
La bonne nouvelle est toutefois que le marché des devises a tendance à inclure dans les prix ses anticipations de risque. Le tableau noir brossé dans les lignes précédentes est donc en grande partie intégré dans le cours de l’euro. La clé pour 2025 résidera dans la capacité à réagir aux principaux éléments de surprise à même d’aider la monnaie unique à rebondir: une fin de la guerre en Ukraine et un apaisement avec la Russie, un retour de majorité aux parlements allemand et français, un ralentissement de l’assouplissement monétaire en Europe suite à un retour de l’inflation dans le sillage des barrières douanières.