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Des indicateurs ni trop chauds ni trop froids, mais précaires

L’enthousiasme de Wall Street, suite à la publication de chiffres d’inflation satisfaisants, est surfait.

Le redressement de Wall Street n’est pas uniquement imputable au reflux des rendements, mais aussi aux bons résultats dévoilés par les grandes banques américaines.
Keystone
Le redressement de Wall Street n’est pas uniquement imputable au reflux des rendements, mais aussi aux bons résultats dévoilés par les grandes banques américaines.
François Christen
One Swiss Bank à Genève
21 janvier 2025, 18h45
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Plombés par le rapport de l’emploi américain publié le 10 janvier, les marchés obligataires se sont rétablis à la faveur de chiffres d’inflation à peine meilleurs que prévus. Le rendement du T-Note US s’est ainsi replié de 4,8% aux environs de 4,6%, générant un fort regain d’appétit pour les actifs risqués. Le recul concomitant des actions et des obligations a ainsi fait place à un rebond coïncident des deux classes d’actifs. Il est vrai que le redressement de Wall Street n’est pas uniquement imputable au reflux des rendements, mais aussi aux bons résultats dévoilés par les grandes banques américaines.

Attendu avec anxiété, l’indice des prix à la consommation publié mercredi passé a reçu un accueil euphorique, confinant à l’exubérance irrationnelle pour reprendre les termes de l'économiste Robert Shiller. L’inflation observée en décembre (0,4% sur un mois, 2,9% en glissement annuel) était conforme aux attentes. Hors énergie et alimentation, l’inflation sous-jacente s’est en revanche révélée un peu plus sage que prévu (0,2% mensuel, 3,2% en glissement annuel, après 3,3% en novembre). Pas de quoi sabrer le champagne, mais ces chiffres ont provoqué un déclin marqué des rendements et un envol des indices. L’enthousiasme de Wall Street a été validé par le gouverneur de la Réserve fédérale (Fed) Christopher Waller qui a qualifié les chiffres de «très bons» et laissé entendre que d’autres statistiques de cet acabit pourraient permettre une baisse des taux d’intérêt avant l’été. Le faucon nommé par Donald Trump s’est donc mué en colombe.

Un certain nombre de décisions rapides

Les autres indicateurs publiés la semaine passée sont réjouissants, ni trop froids ni trop chauds. Les ventes au détail affichent une progression modérée, la production manufacturière s’est renforcée et l’indice NAHB fait état d’une légère amélioration des conditions sur le marché immobilier en dépit du redressement des taux. Agrégeant de multiples statistiques, l’indicateur «GDPnow» de la Fed d’Atlanta estime à 3% la croissance réelle du PIB au quatrième trimestre. Dans le même registre, le FMI a révisé à la hausse ses prévisions de croissance pour les Etats-Unis en 2025 de 2,2% à 2,7% (après une expansion estimée à 2,8% en 2024). L’optimisme qui s’exprime à Wall Street n’est donc pas dénué de fondements macroéconomiques, malgré les symptômes de complaisance attisés par le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche. L’entrée en fonction du républicain, ce lundi, a donné lieu à un certain nombre de décisions rapides, instaurées par décrets, concernant l’énergie et l’immigration.

Comme souvent, les marchés européens se sont conformés à la tendance dictée par les Etats-Unis. Le rendement du Bund allemand à 10 ans a cédé une dizaine de points de base pour s’établir aux environs de 2,5%. En repli de 0,2% en 2024, le PIB germanique s’est contracté pour la deuxième année consécutive et les perspectives pour l’année qui débute sont moroses. Les prévisions de croissance du FMI s’établissent à 0,3% pour l’Allemagne et 1% pour la zone euro.

Des indicateurs ni trop chauds ni trop froids, mais précaires

Les déclarations récentes du chef économiste de la Banque centrale européenne Philip Lane laissent entrevoir une baisse accrue des taux d’intérêt, sans pause ni précipitation. Anticipant quatre réductions du taux de dépôt au cours du premier semestre, le «consensus» adhère à ce scénario qui devrait conduire les taux monétaires aux environs de 2% en début d’été. Quant au Royaume-Uni, les rendements en livres sterling affichent une baisse de près de 20 points de base. Le repli des ventes au détail et la modération de l’inflation observés en décembre pourraient inciter la Banque d’Angleterre à abaisser son taux de base à 4,5% dès la prochaine réunion du MPC, soit le 5 février.