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L’«ours» s’est assoupi… sieste ou hibernation?

Comme en mars et en mai, le marché des actions se redresse à la faveur d’une détente des rendements.

François Christen
One Swiss Bank à Genève
28 juin 2022, 21h00
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Les craintes de récession ont permis d’endiguer la chute concomitante des actions et des obligations qui s’est développée durant le premier semestre 2022. Après plusieurs semaines de déclin conduisant l’indice S&P 500 en territoire de «bear market», les actions affichent un rebond tangible favorisé par une décrue des rendements en dollars et une réévaluation des perspectives de resserrement monétaire. A l’instar du rebond observé en mars, puis à fin mai, le redressement des actions survenu la semaine passée n’est pas solidement étayé et pourrait s’apparenter à un «bear market rally».

Un rétablissement durable des actions et des marchés obligataires passe inévitablement par une décrue significative et durable de l’inflation qui permettrait à la Fed et autres banques centrales occidentales de conduire des politiques monétaires plus amicales. La matérialisation de ce scénario réclame une stabilisation des prix des matières premières, notamment des prix de l’énergie qui ont largement contribué à la flambée de l’inflation. A cet égard, la baisse des cours du pétrole observée la semaine passée constitue un développement réjouissant, pour autant qu’il perdure.

L’actualité conjoncturelle aux Etats-Unis est marquée par un fort déclin des PMIs. La jauge consacrée au secteur manufacturier est tombée de 57 en mai à 52,4 en juin, tandis que l’indice relatif aux services a fléchi de 53,6 à 51,6. Malgré un timide redressement, le niveau des demandes d’indemnités de chômage traduit encore un marché du travail tendu, même si quelques entreprises emblématiques, comme Tesla, ont annoncé leur volonté de réduire leurs effectifs. Sur le marché immobilier, le prix médian des ventes de maisons existantes a atteint un nouveau sommet, mais le volume de transactions continue à fléchir en réaction à l’augmentation des taux d’intérêt hypothécaires (désormais proches de 6% pour un emprunt à taux fixe sur 30 ans) et de l’augmentation des coûts de construction des maisons neuves.

La courbe des rendements en dollars US a sensiblement reflué au regard des niveaux entrevus à mi-juin. Le rendement du T-Note à 10 ans est retombé aux environs de 3,15% après s’être brièvement approché de 3,5%. Le reflux du rendement du T-Note à 2 ans de 3,4% à 3,1% traduit une révision à la baisse des perspectives de relèvements des taux d’intérêt à l’horizon 2024 (ce qui n’exclut pas un relèvement au-dessus de 3,5% avant que la Fed ne fasse marche arrière, à l’instar du scénario qui s’est déroulé en 1994/95 et que le gouverneur de la Fed James Bullard a judicieusement évoqué la semaine dernière).

En Europe, le reflux de la structure des taux d’intérêt en euros est encore plus marqué. Le rendement du Bund allemand a cédé près de 40 points de base en refluant de 1,8% à 1,4% (avant de rebondir aux environs de 1,5%). Cette baisse est favorisée par de nombreux symptômes de ralentissement de l’activité, à l’instar de la baisse des PMIs (52 après 58,4 pour le secteur manufacturier, 51,3 après 53,7 quant aux services) et la réaffirmation, par Christine Lagarde, que la BCE se contentera de relever son taux d’intérêt directeur de 0,25% en juillet.