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La lutte contre l'inflation va «faire souffrir les ménages et entreprises», prévient Jerome Powell

Le président de la Fed a averti que la Banque centrale américaine userait «vigoureusement de ses outils» en relevant les taux d'intérêt. Une annonce qui a fait basculer Wall Street dans le rouge.

La Banque centrale veut ramener la hausse des prix autour de 2%, et cette politique aura «une série de »coûts regrettables«, a déclaré M. Powell.
KEYSTONE
La Banque centrale veut ramener la hausse des prix autour de 2%, et cette politique aura «une série de »coûts regrettables«, a déclaré M. Powell.
26 août 2022, 16h52
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La lutte contre l'inflation aux Etats-Unis «va faire souffrir les ménages et entreprises» américains mais y renoncer serait encore plus dommageable pour l'économie, a prévenu vendredi le patron de la Banque centrale (Fed) Jerome Powell.

Dans une déclaration résolue et d'une rare franchise, prononcée à la conférence des banquiers centraux de Jackson Hole (Wyoming), le président de la Fed a averti que la Banque centrale américaine userait «vigoureusement de ses outils» en relevant les taux d'intérêt.

Revenir à la stabilité des prix «prendra du temps» et entraînera «une longue période de croissance plus faible» ainsi qu'«un ralentissement du marché du travail», a-t-il martelé dans un discours exceptionnellement bref mais déterminé, à quelques mois des élections de mi-mandat pour l'administration démocrate de Joe Biden.

L'inflation aux Etats-Unis caracole à 8,5% en juillet sur un an, contre 9,1% en juin, un plus haut en 40 ans, selon l'indice des prix à la consommation CPI. D'après un autre indicateur très observé par la Fed, l'indice PCE, publié vendredi, elle s'est inscrite à 6,3%, contre 6,8% sur un an.

La Fed est prête à une autre forte hausse exceptionnelle des taux

Jerome Powell à propos de la prochaine réunion du Comité monétaire du 21 septembre

«Si ces dernières baisses de juillet sont bienvenues, une amélioration sur un mois seulement est loin d'être suffisante» et nécessitera d'être confirmée, a déclaré M. Powell.La Banque centrale veut ramener la hausse des prix autour de 2%, et cette politique aura «une série de coûts regrettables» a déclaré M. Powell. Il a redit que la Fed était prête à «une autre forte hausse exceptionnelle des taux» à la prochaine réunion du Comité monétaire du 21 septembre, après déjà deux tours de vis consécutifs de 75 points de base (0,75%).

Le banquier central a prévenu les marchés que les taux d'intérêt iraient en territoire «restrictif» et que la barre du taux neutre qui reflète le niveau idéal des taux, généralement évalué autour de 2,5%, pour ne créer ni de surchauffe ni refroidir l'économie, n'était plus guère d'actualité pour l'instant. «Les estimations du taux neutre à long terme ne sont pas un seuil où l'on doit faire une pause», a-t-il averti.

L'ombre de Volcker

M. Powell a admis qu'à un certain stade, il sera opportun de ralentir le rythme des relèvements de taux mais il a ajouté un bémol à cette notion déjà rapportée, qui avait réjoui les marchés financiers récemment. «L'histoire montre qu'il faut prendre garde à ne pas relâcher la politique monétaire trop tôt», a-t-il prévenu, dans ce message qu'il a voulu «direct».

Comme chaque année, mais cette fois plus encore, le discours du dirigeant de la plus puissante des Banques centrales était au centre de toutes les attentions lors du symposium de Jackson Hole, en présentiel pour la première fois depuis 2019.M. Powell a reconnu que «l'inflation actuelle était un phénomène mondial et que beaucoup d'économies dans le monde faisaient face à une hausse des prix égale voire plus haute que celle des Etats-Unis».

Pour refroidir la surchauffe des prix, depuis le printemps dernier, la Réserve fédérale a fait passer les taux au jour le jour, qui influencent tous les autres crédits, de zéro à une fourchette entre 2,25% et 2,50%.

A plusieurs reprises dans son discours, M. Powell a cité un illustre prédécesseur à la tête de la Banque centrale, Paul Volcker, crédité pour avoir d'une main de fer jugulé une inflation galopante au début des années 1980.

Après ce discours et la publication de l'indice PCE de l'inflation, le dollar perdait 0,73% à 1,0050 dollar pour un euro vers 14H25 GMT (16H25 à Paris). (AWP)

La confiance des consommateurs grimpe en août

La confiance des consommateurs américains a grimpé en août, favorisée par un ralentissement du rythme de l'inflation, selon l'estimation finale publiée vendredi par l'Université du Michigan.L'indice s'est établi à 58,2 points, en hausse de 13% par rapport au mois de juillet, et largement au-dessus des 55,3 points prévus par un consensus d'analystes.« La hausse de la confiance des consommateurs s'observe dans toutes les catégories d'âge, d'éducation, de salaires, d'origine géographique et d'affiliation politique et peut être attribué à la récente décélération de l'inflation», a déclaré dans un communiqué Joanne Hsu, la directrice de l'indice.

Wall Street en net repli 

La Bourse de New York évoluait résolument dans le rouge vendredi en réaction aux déclarations fermes du président de la banque centrale américaine (Fed), résolu à poursuivre la lutte contre l'inflation, au risque de freiner l'économie.Vers 15H10 GMT, le Dow Jones perdait 1,49%, l'indice Nasdaq 2,37%, et l'indice élargi S&P 500, 1,85%. 

Alors qu'avant le discours de Powell, les opérateurs accordaient une probabilité équivalente à une hausse d'un demi-point et de 0,75 point de pourcentage du taux directeur de la Fed lors de sa prochaine réunion, fin septembre, le curseur a nettement penché pour la seconde option après l'allocution de Jerome Powell.

Pour Chris Zaccarelli, d'Advisor Alliance, le président de la Fed «n'a rien dit de nouveau et s'est contenté de réitérer ce qu'il dit depuis plusieurs mois.»

Tandis que les indices reculaient sensiblement, sur le marché obligataire, le rendement des emprunts d'Etat américains à 2 ans, qui reflète davantage les évolutions de politique monétaire que le taux à 10 ans, a frôlé 3,45%, un sommet de 15 ans atteint mi-juin.Cette anticipation renforcée d'une poursuite des hausses de taux pénalisait le secteur technologique, dépendant des conditions de crédit pour financer sa croissance.

Alphabet (-4,21%), Amazon (-2,75%) et Meta (-2,95%) vivaient mal la séquence.

Après une retraite assez marquée avant l'intervention du président de la Fed, le dollar se reprenait face à l'euro, de nouveau à un souffle de la parité, seuil au-dessus duquel il était repassé.Le message autoritaire de Jerome Powell a éclipsé la série de bons indicateurs américains, qui avaient initialement porté le marché, en particulier le léger recul des prix aux Etats-Unis en juillet par rapport au mois précédent, selon l'indice PCE publié vendredi.Le rythme de l'inflation sur un an a lui rétrogradé à 6,3% contre 6,8% en juin.

A la cote, Electronic Arts prenait de la hauteur (+5,78% à 134,39 dollars), poussé par l'information du média suédois GLHF, selon lequel Amazon serait sur le point de faire une offre de rachat de l'éditeur de jeux vidéo.

L'enseigne de prêt-à-porter Gap était sanctionné (-1,80 à 9,83 dollars) après un chiffre d'affaires en baisse, une perte sur son deuxième trimestre (achevé fin juillet) et le choix du groupe de ne plus faire de prévisions pour l'ensemble de son exercice, en raison d'une trop forte incertitude.

Visé, comme son partenaire allemand BioNTech, par une action en justice de la biotech Moderna (-2,06%) pour violation de brevet, Pfizer reculait de 1,15% à 47,35 dollars. L'affaire porte sur des brevets liés à la technologie dite de l'ARN messager, qui a permis l'élaboration accélérée des premiers vaccins contre le Covid-19.

Le fabricant d'ordinateurs Dell Technologies souffrait (-10,15% à 43,04 dollars) après l'annonce d'un chiffre d'affaires trimestriel inférieur aux attentes, doublée de commentaires prudents sur le deuxième semestre et un ralentissement de la demande.

Le spécialiste du paiement échelonné en ligne Affirm dérapait (-20,40% à 24,86 dollars), au lendemain de la publication, après Bourse, d'une perte plus importante que prévu et de prévisions jugées décevantes pour son exercice en cours.(AWP)