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L'incertitude subsiste après la panique

Les anticipations de baisses rapides et substantielles des taux d’intérêt en dollars sont mal étayées.

A l’épicentre de cet épisode d’instabilité, le marché japonais a récupéré près de la moitié des pertes accumulées depuis le début du mois.
Keystone
A l’épicentre de cet épisode d’instabilité, le marché japonais a récupéré près de la moitié des pertes accumulées depuis le début du mois.
François Christen
One Swiss Bank à Genève
13 août 2024, 19h30
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Le climat de panique qui prévalait lundi passé a fait place à un environnement plus serein. Comme l’embrasement qui a précédé, cette accalmie résulte de plusieurs facteurs. A l’épicentre de cet épisode d’instabilité, le marché japonais a récupéré près de la moitié des pertes accumulées depuis le début du mois. Ce rebond, concomitant au repli salutaire du yen, a été favorisé par les déclarations du gouverneur adjoint de la Banque du Japon, Shinichi Uchida. Ce dernier a consacré une grande partie de son discours aux développements fondamentaux qu’il juge favorables, tout en relevant l’extrême volatilité des marchés financiers et en signalant la volonté de la Banque du Japon de ne pas relever davantage les taux d’intérêt dans un contexte marqué par une telle instabilité.

Le rétablissement de la confiance des investisseurs est aussi imputable à quelques indicateurs rassurants publiés aux Etats-Unis. Le rebond de l’indice ISM consacré aux services a permis de limiter la casse. A la différence de la jauge manufacturière, l’indice s’est redressé au-dessus de 50, soit à un niveau synonyme d’expansion. La baisse marquée des demandes d’indemnité de chômage, de 250.000 à 233.000 selon les derniers relevés hebdomadaires, remet en question la pertinence du rapport de l’emploi qui avait précipité la chute du dollar et des indices occidentaux le 2 août.

Les déclarations apaisantes de plusieurs gouverneurs de la Réserve fédérale (Fed) ont également joué un rôle bénéfique, même si les banquiers centraux n’ont pas validé les anticipations de baisses rapides et substantielles des taux d’intérêt qui ont émergé lundi passé. Le rebond de Wall Street, la décrue des «spreads» de crédit et la chute de la volatilité implicite sur le marché des options invalident les demandes de réductions immédiates des taux, mais de nombreux investisseurs espèrent désormais un cycle d’assouplissement plus audacieux que l’ajustement graduel qui semblait se profiler à l’horizon.

Le scénario de lente normalisation des conditions monétaires n’est toutefois pas caduc et pourrait retrouver les faveurs de la cote si les chiffres d’inflation attendus mercredi mettent en lumière des tensions persistantes ou si le rapport de l’emploi qui sera publié au début du mois de septembre devait infirmer le diagnostic inquiétant établi le 2 août. Le redressement des actifs risqués s’est déjà accompagné d’un rebond de près de 20 points de base de la courbe des rendements en dollars. A proximité de 3,95%, le rendement du T-Note américain à 10 ans paraît assez attrayant compte tenu de la résurgence des risques de récession et d’un régime de corrélation qui renforce les bénéfices de la diversification multi-actifs.

L'incertitude subsiste après la panique

En Europe, les rendements en euros sont également repartis à la hausse sous l’influence du regain d’appétit pour les actifs risqués. Malgré la persistance des tensions affectant les prix des services, la Banque centrale européenne (BCE) devrait abaisser ses taux d’intérêt directeurs de 0,25 point de pourcentage lors de la réunion du 12 septembre. Le renforcement de l’euro et la morosité de la conjoncture justifient amplement un assouplissement graduel des conditions monétaires, clairement restrictives à ce jour.

Le marché des capitaux en francs suisses n’est pas épargné par les turbulences qui ont mis en lumière le statut de valeur-refuge du franc. Le renforcement spectaculaire de la devise helvétique devrait inciter la Banque nationale suisse (BNS) à réduire son taux d’intérêt pour la troisième fois consécutive afin de contrer les effets des baisses qui s’annoncent du côté de Washington et de Frankfort.