Les attaques terroristes sans précédent perpétrées par le Hamas le 7 octobre dernier ont marqué le début d’une intervention militaire de grande envergure à Gaza, avec des risques d’embrasement au Moyen-Orient. En dépit du bilan humanitaire tragique, la nature actuelle du conflit ne présente pas, à ce stade, un chamboulement majeur pour les marchés financiers internationaux. Il en serait tout autrement si, par exemple, une escalade impliquant l’Iran induisait une flambée des cours du pétrole.
Ces nouvelles incertitudes géopolitiques ont alimenté un mouvement de fuite en début de semaine dernière qui a profité aux bons du Trésor américain. Le rendement du T-Note à 10 ans d’échéance est ainsi brièvement retombé aux alentours de 4,50% alors qu’il avait approché la barre des 4,90% une semaine auparavant. Toutefois, la publication jeudi passé du rapport des prix à la consommation a remis un peu de pression sur le marché de la dette. Si l’inflation annuelle s’est maintenue stable à 3,7% en septembre, et à même reflué de 4,3% à 4,1% si l’on considère l’indice sous-jacent (hors énergie et alimentation), les hausses mensuelles respectivement de 0,4% et 0,3% suggèrent que la tendance à la désinflation est trop lente pour envisager tout relâchement de la politique monétaire américaine dans un avenir proche.
Le procès-verbal de la dernière réunion du FOMC a par ailleurs confirmé qu’une majorité des membres estimait en septembre qu’un relèvement du taux directeur s’avérerait probablement approprié dans le futur. Si certains membres pensaient à l’inverse qu’un durcissement supplémentaire ne serait plus nécessaire, tous s’accordaient pour dire qu’il fallait conserver une politique monétaire restrictive jusqu’à ce qu’un retour de l’inflation vers l’objectif de 2% paraisse crédible. A l’approche de la prochaine réunion du FOMC qui se tiendra les 31 octobre et 1er novembre, plusieurs gouverneurs ont récemment laissé entendre que le statu quo monétaire prévaudrait à cette occasion.
Outre la situation au Proche-Orient, la montée brutale des rendements observée depuis début septembre plaide également pour ne rien faire dans l’immédiat du côté de la Réserve fédérale. En fait, le marché a de facto déjà durci les conditions monétaires. Cependant, les Etats-Unis jouissent toujours d’une conjoncture résiliente, comme l’illustrent les prévisions économiques du Fonds monétaire international (FMI). Dans sa publication d’octobre, il vient de réviser à la hausse la croissance américaine attendue pour 2024 (1,5% à comparer avec la prévision de 1% établie en juin) tandis qu’il a dégradé les projections pour la zone euro et la Chine. Cela étant, le FMI pointe du doigt les déficits budgétaires persistants prévus par Washington pour ces prochaines années, soulignant le caractère insoutenable de la trajectoire actuelle. Enfin, en ce qui concerne l’inflation, le FMI ne s’attend pas à un retour de la stabilité des prix avant 2025.

En Europe, en l’absence d’indicateurs majeurs, les marchés obligataires ont évolué dans le sillage des tendances observées outre-Atlantique. Le rendement du Bund allemand à 10 ans est passé sous le seuil de 2,80% et le Gilt britannique de même maturité s’est échangé en dessous de 4,50%. Les obligations de la Confédération ont également gagné du terrain, avec de surcroît une appréciation du franc suisse profitant logiquement de son statut de valeur refuge.