Tianwen-1 le 10 février, Al Amal – «espoir» en arabe – le 14 février et Persévérance le 18, février a vu l’arrivée presque simultanée de plusieurs sondes spatiales en orbite et sur Mars. Initialement l’apanage des superpuissances de la Guerre froide, 76 pays ont rejoint la course à l’espace durant ces dernières décennies (comme en témoigne la présence de sondes chinoise et émiratie autour de Mars); 14 d’entre eux ont des capacités de lancement.
L’innovation progresse, les coûts baissent
D’après l’OCDE, les investissements du secteur public continuent de progresser, passant de 52 milliards de dollars en 2008 à 79 milliards en 2019. Ces derniers ont pris un nouveau tournant en 2018 lorsque l’Administration Trump a annoncé son projet de doter l’armée américaine d’une nouvelle branche, le Commandement spatial. Comme souvent pour des projets de défense, cette initiative devrait encourager l’investissement dans des nouvelles technologies. À mesure que l’innovation technologique a progressé, les coûts ont baissé, mettant les capacités de lancement de fusée à portée du secteur privé. Il y a quelques décennies, les lanceurs n’étaient pas réutilisables: seule la navette spatiale l’était. Aujourd’hui, les fusées réutilisables réduisent fortement les coûts et le secteur privé développe des lanceurs aéroportés capables de placer à faible coût des satellites en orbite terrestre.
Le secteur privé s’approprie aujourd’hui certains projets du secteur public. En mai 2020, SpaceX a permis aux Etats-Unis d’envoyer des astronautes dans la Station spatiale internationale sans passer par Roscosmos pour la première fois depuis 2011. Cela a permis à la Nasa de réaliser une belle économie – chaque siège dans les «Space Shuttles» coûtaient 170 millions, dans le Soyouz 90 millions, contre 55 millions pour SpaceX.
Les investissements réalisés par le secteur privé encouragent l’innovation dans de nombreux domaines, des communications (l’internet par satellite que permettra la constellation Starlink de SpaceX) au tourisme (les vols spatiaux pour particuliers en projet chez Blue Origin ou Virgin Galactic). Mais les retombées indirectes de ces investissements vont bénéficier à une très grande variété de secteurs. L’OCDE relève que des fonds importants sont consacrés à des projets environnementaux – par exemple, la production durable de denrées alimentaires repose de plus en plus sur l’imagerie satellite ou la géolocalisation pour bénéficier d’une amélioration des prévisions détaillées, du rendement et de la productivité.
Revenus supérieurs à 1000 milliards d’ici 2030
Les activités spatiales commerciales ont connu une croissance exponentielle ces dernières années. Leurs revenus sont plus de quatre fois supérieurs aux dépenses du secteur public. D’après la Space Foundation, le revenu des activités spatiales commerciales a augmenté de 78% depuis 10 ans pour s’établir actuellement à 350 milliards de dollars. Et cette croissance devrait s’accélérer ces prochaines années, avec des prévisions de revenus supérieures à 1000 milliards d’ici à 2030 pour les entreprises commerciales.
Les revenus du secteur spatial restent toutefois modestes en comparaison avec d’autres secteurs. Les capitalisations boursières des géants de la technologie Apple, Microsoft, Amazon et Alphabet ont largement dépassé 1000 milliards de dollars chacune ces derniers mois. Et l’histoire regorge d’exemples d’investissements ratés, comme les entreprises de téléphonie par satellite dans les années 1990. Il s’agit d’un domaine risqué, comme en témoignent les nombreux accidents qui ont jalonné l’histoire de la conquête de l’espace.
Néanmoins, la diversité des applications et des opportunités commerciales, les progrès technologiques et les baisses de coûts donnent confiance dans les perspectives à long terme. Les investissements dans le secteur spatial ont décollé grâce aux progrès technologiques dans les satellites et les fusées, et à la prolifération de «start-up» venues perturber le secteur. Une exposition largement diversifiée entre les acteurs émergents et ceux plus établis devrait ouvrir une nouvelle frontière pour des investissements à long terme.