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Les risques de récession s’estompent (un peu)

Le rebond des rendements à long terme entrave l’exubérant rally des actions, mais il est de bon augure.

Parmi les facteurs qui expliquent l’essoufflement des actions, la correction des obligations à long terme a probablement joué un rôle significatif. Le redressement du rendement du T-Note à 10 ans aux environs de 4,2% exerce une pression sur les valorisations et plus particulièrement sur le segment «croissance» englobé par l’indice Nasdaq.
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Parmi les facteurs qui expliquent l’essoufflement des actions, la correction des obligations à long terme a probablement joué un rôle significatif. Le redressement du rendement du T-Note à 10 ans aux environs de 4,2% exerce une pression sur les valorisations et plus particulièrement sur le segment «croissance» englobé par l’indice Nasdaq.
François Christen
One Swiss Bank à Genève
16 août 2023, 7h00
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Bien orientées jusqu’à fin juillet, les actions affichent une évolution hésitante depuis une quinzaine de jours. Le climat d’insouciance qui prévalait en début d’été a fait place au doute, malgré les bons résultats dévoilés à ce jour par une majorité d’entreprises et la perspective de la fin imminente du cycle de resserrement monétaire conduit par la Réserve fédérale américaine (Fed). Parmi les facteurs qui expliquent l’essoufflement des actions, la correction des obligations à long terme a probablement joué un rôle significatif. Le redressement du rendement du T-Note à 10 ans aux environs de 4,2% exerce une pression sur les valorisations et plus particulièrement sur le segment «croissance» englobé par l’indice Nasdaq.

Les risques de récession s’estompent (un peu)

Les chiffres d’inflation publiés la semaine passée étaient pourtant satisfaisants, en dépit de l’accélération du renchérissement mesuré en glissement annuel de 3,0% en juin à 3,2% en juillet. Plus pertinent pour les éminences du FOMC, l’indice des prix à la consommation hors énergie et alimentation affiche une augmentation paisible de 0,2% pour le deuxième mois consécutif. L’inflation sous-jacente a ainsi poursuivi son reflux pour s’établir à 4,7% en glissement annuel.

L’augmentation des prix à la production (0,3% mensuel tant pour l’indice général que pour l’indice hors énergie et alimentation, respectivement 0,8% et 2,4% en glissement annuel) s’est toutefois révélée un peu plus forte que prévu. Sans être alarmants, ces chiffres apportent de l’eau au moulin des «faucons» et invitent à reconsidérer les espoirs de réduction des taux d’intérêt qui sous-tendent l’inversion de la courbe des rendements en dollars. Le combat pour rétablir la stabilité des prix n’est pas encore gagné, même si les développements récents permettent au FOMC de s’octroyer une nouvelle pause en attendant de mieux cerner les effets différés du resserrement amorcé en 2022.

Bien que pénible pour les détenteurs d’emprunts à long terme, la «désinversion» de la courbe des rendements en dollars constitue un développement réjouissant. En effet, le rebond des rendements à long terme traduit un reflux des risques de récession au profit d’un scénario d’atterrissage en douceur. La structure des taux d’intérêt est toutefois assez loin d’avoir retrouvé une physionomie normale préfigurant une expansion équilibrée et à l’abri de tout accident. Les risques de récession restent élevés en raison notamment de la faiblesse persistante de l’économie mondiale soulignée par le déclin des exportations chinoises. Fragilisée par la chute de la demande pour les biens manufacturés, la Chine est soumise à des pressions déflationnistes mises en lumière par une baisse des prix à la consommation et à la production.

En Europe, la structure des taux d’intérêt en euros est soumise à des tensions peu significatives qui ont conduit le rendement du Bund allemand à 10 ans au-dessus de 2,6%. Le rendement du BTP italien a en revanche légèrement baissé à la faveur d’un reflux des primes de risque.

Les emprunts du gouvernement britannique sont soumis à des tensions assez vives qui ont conduit le rendement du Gilt à 10 ans au-dessus de 4,5%. La croissance du PIB s’est révélée plus robuste que prévu en s’établissant à 0,2% au deuxième trimestre, ce qui devrait conforter la Banque d’Angleterre dans sa volonté de durcir les conditions monétaires pour contenir des tensions inflationnistes persistantes.