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Les rendements restent sous pression

Alors que Wall Street célèbre le dynamisme des Etats-Unis, le marché obligataire se montre plus réservé.

Très attendu, le discours du président de la Fed Jerome Powell au symposium de Jackson Hole ne devrait inclure un plan de route précis, mais souligner encore une fois l’importance des données à venir pour remplir le double mandat impliquant la stabilité des prix et du plein emploi.
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Très attendu, le discours du président de la Fed Jerome Powell au symposium de Jackson Hole ne devrait inclure un plan de route précis, mais souligner encore une fois l’importance des données à venir pour remplir le double mandat impliquant la stabilité des prix et du plein emploi.
François Christen
One Swiss Bank à Genève
20 août 2024, 20h00
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Très attendus, les chiffres d’inflation publiés la semaine passée aux Etats-Unis valident définitivement les anticipations de baisse des taux d’intérêt le 18 septembre. L’indice des prix à la consommation affiche en juillet une progression modeste pour le troisième mois consécutif. Hors énergie et alimentation, l’inflation sous-jacente s’établit à 0,16% sur un mois et à 3,2% en glissement annuel. La progression sur douze mois est encore nettement supérieure à 2%, mais l’augmentation observée depuis quatre mois est conforme à l’objectif visé par les banquiers centraux. La persistance de l’inflation est imputable aux prix des services, alors que les prix des biens sont déjà soumis à des pressions déflationnistes.

Si la perspective d’une baisse du taux d’intérêt des Fed funds ne fait plus aucun doute, l’ampleur de la réduction attendue en septembre et la trajectoire ultérieure restent incertaines. Les indicateurs récents et le rebond des actifs risqués ont fait pencher les anticipations dans le sens d’un geste prudent et d’un cycle graduel. En effet, le bond des ventes au détail de 1% en juillet réfute les craintes de récession. En outre, le déclin des demandes d’indemnités de chômage pour la deuxième semaine consécutive invite à douter de la pertinence du rapport de l’emploi qui avait affolé les marchés au début du mois.

Bien que les indicateurs récents alimentent l’espoir d’un «atterrissage en douceur», il faut relever quelques zones d’ombre. Le «groupe de contrôle» des ventes au détail, excluant les éléments erratiques soumis à de fortes variations de prix, affiche une croissance nettement plus modeste que le chiffre d’affaires total, soit 0,3% au lieu de 1%. Le déclin de 0,3% de la production manufacturière et la faiblesse de l’activité de construction résidentielle reflétée par le recul des mises en chantier, des permis de construire et de l’indice du NAHB invitent la banque centrale à prendre un cap moins restrictif. Très attendu, le discours de Jerome Powell au symposium de Jackson Hole ne devrait inclure un plan de route précis, mais souligner encore une fois l’importance des données à venir pour remplir le double mandat impliquant la stabilité des prix et du plein emploi.

Les rendements restent sous pression

Sur le marché des capitaux en dollars, on observe un léger déclin et un aplatissement de la structure des taux d’intérêt. Le rendement du T-Note à 10 ans a reflué en dessous de 3,9% à la faveur de la décrue de l’inflation. Désormais réaliste, la perspective d’une victoire de Kamala Harris face à Donald Trump constitue un développement favorable au marché obligataire qui avait commencé à intégrer une prime de risque associée aux largesses fiscales promises par le républicain. En phase avec le marché des actions, les «spreads» de crédit ont effacé une grande partie de la correction survenue au début du mois.

En Europe, la courbe des rendements en euros paraît figée. Le rendement du Bund allemand à 10 ans s’établit toujours à proximité de 2,2%. Les primes de risque sur le marché des capitaux souverains sont stables. L’instabilité politique en France est sanctionnée par une prime de risque stable, légèrement supérieure à 70 points de base. L’actualité macroéconomique est maigre et les responsables de la Banque centrale européenne se montrent discrets, mais la morosité de la conjoncture et le renforcement de l’euro plaident toujours en faveur d’une réduction des taux monétaires en septembre.

Au Royaume-Uni, le timide rebond de l’inflation annuelle de 2,0% à 2,2% ne remet pas en question la pertinence de la baisse de taux opérée par la Banque d’Angleterre, car les tensions sous-jacentes continuent à s’estomper. Peu attrayants, les rendements en francs suisses ont encore fléchi sous l’influence des développements aux Etats-Unis et en Europe.