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Les emprunts souverains italiens, un indicateur de risque européen

Le marché des BTP italiens se montre sensible aux changements de perception du risque et de politique monétaire.

Gianni Pugliese
Mirabaud - Analyste obligataire
11 novembre 2021, 22h56
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Le marché des emprunts souverains italiens (BTP) fait généralement référence en matière d’indicateur de risque européen. C’est pourquoi les récentes fluctuations des rendements des BTP, donnent un avant-goût de ce qui pourrait se passer si la Banque centrale européenne venait (BCE) à commettre un faux pas lors de son processus de réduction du programme de soutien monétaire.

La semaine dernière, par exemple, la volatilité du BTP à 10 ans a grimpé à son plus haut niveau depuis mai 2020. Cette hausse représente une forme de scepticisme à l’encontre de Mme Lagarde, dont la tentative de repousser les anticipations d’un relèvement des taux, en 2022 déjà, n’a pas convaincu. La prime de risque par rapport au Bund à 10 ans, un baromètre clé de l’appétit pour le risque en zone euro, s’est également élargie à 135 points de base au début du mois, atteignant son plus haut niveau depuis un an. Cela indique que malgré des discours accommodants, les banques centrales auront du mal à rassurer les investisseurs dans un contexte de réduction de support.

C’est le cas de la BCE qui met l’accent sur un calendrier encore lointain de taux d’intérêts plus élevés, comparé à ses homologues anglaises et américaines. Or, la fin du programme d’achats de titres dans le cadre du programme d’achats d’urgence pandémique (PEPP) prévue pour mars prochain et le doute qui plane sur sa relève, n’en mettent pas moins le marché à cran. C’est ce que nous révèle l’évolution des BTP. Grâce à l’appui du PEPP, le rendement du 10 ans italien avait chuté à 0,46% en février dernier et sa prime contre son alter ego allemand s’était rétrécie à 91 points de base. Sans solution rapide de remplacement, donc, la dette italienne pourrait être laissée à la merci des véritables forces du marché.

La perspective peut inquiéter car, étant donné le fort endettement du pays, l’écart de rendement BTP-Bund est particulièrement sensible aux changements de perception du risque et de politique monétaire. Cette sensibilité est illustrée par l’évolution récente de la prime des BTP qui a d’abord connu un été stable, avec en toile de fond la reprise économique et l’aide de la BCE. Elle a été ensuite précipitée à la hausse par l’accélération des prévisions de resserrement monétaire qui a suivi la réunion de la BCE du mois d’octobre. Finalement, les messages de patience de la Banque d’Australie et de la Fed, ainsi que la volte-face de la Banque d’Angleterre, ont permis de repousser quelque peu les attentes de premières hausses des taux et de rétrécir partiellement l’écart de rendement des BTP.

On le voit, le sort de cette prime est étroitement lié à la politique monétaire. La BCE se trouve dans une situation où fermer la porte à un resserrement de sa politique deviendra de plus en plus compliqué, tout en tentant d’empêcher un élargissement excessif des primes de risque des BTP et, par extension, de celles des autres dettes périphériques. Il y a peu de place pour un faux pas.