Les marchés mondiaux affichaient globalement leur mauvaise humeur vendredi face à la remontée brutale des taux d'emprunt, et après une prise de parole jugée décevante du patron de la Fed, Jerome Powell.
En Europe à la mi-séance, vers 12H40 (11H40 GMT), la Bourse de Francfort perdait 0,54%, Paris 0,30%, pendant que Londres prenait 0,34%, et Milan 0,11%.
L'Asie s'est affichée en recul sur la plupart des indices vedettes à la clôture: Shanghai a perdu 0,04%, Hong Kong 0,47%, l'indice japonais Nikkei a lâché 0,23% et le Topix a pris 0,61%.
A l'origine de ces mouvements, une forte tension jeudi sur le rendement des bons du Trésor américains à dix ans, clôturant au plus haut depuis un an à 1,56%. Les investisseurs ont jugé peu rassurante une prise de parole du patron de la Banque centrale américaine Jerome Powell, qui a balayé les craintes inflationnistes.
Inquiète, Wall Street a plongé à la clôture, le Dow Jones perdant 1,11%, le Nasdaq 2,11% et le S&P 500 1,34%, les contrats à terme avant l'ouverture de vendredi pointant vers un nouveau recul.
Conséquence des remous américains, les rendements sur les dettes publiques en zone euro à dix ans se tendaient légèrement vendredi matin.
"Certains investisseurs s'attendaient à ce que la Fed puisse accroître ses achats d'obligations afin de faire baisser les taux d'intérêt à long terme", affirme Franklin Pichard, directeur général de Kiplink Finance.
La prise de parole de M. Powell a été dans le même temps "un message puissant envers les investisseurs sur le fait qu'ils ne peuvent pas avoir tout ce qu'ils désirent en criant plus fort", pense Ipek Ozkardeskaya, analyste senior pour Swissquote Bank, l'institution ayant déjà très fortement soutenu les marchés financiers avec la crise.
D'autant que la situation est pour l'heure loin d'être alarmiste, tant sur l'inflation, à 1,5% outre-Atlantique en janvier, que sur les taux d'intérêt, à des niveaux historiquement bas, et sur les perspectives boursières.
Wall Street est globalement stable depuis le 1er janvier, sauf l'indice Nasdaq qui perd 1,28%... après une hausse de 43% en 2020.
Traditionnellement surveillé, d'autant plus depuis l'apparition de la pandémie de Covid-19, le rapport mensuel américain sur l'emploi pourrait donner une toute autre direction au marché dans l'après-midi. L'emploi reste sinistré, et le taux de chômage de février est attendu stable à 6,3%, comme en janvier.
En revanche, la situation semble s'améliorer du côté des emplois créés le mois dernier par les entreprises et administrations du pays, qui pourraient avoir fortement augmenté, avec 200.000 créations attendues contre seulement 49.000 en janvier.
Également au rang des indicateurs, les commandes passées à l'industrie allemande sont reparties à la hausse en janvier, le déficit commercial de la France est ressorti stable en janvier, à 3,7 milliards d'euros, et le PIB de l'Irlande a bondi de 3,4% en 2020, malgré la pandémie.
Pression sur les techs
STMicroelectonics perdait 0,44% à 29,12 euros, et Worldline 0,42% à 70,72. Les valeurs tech étaient sous pression dans le sillage du plongeon jeudi de l'indice Nasdaq à forte coloration technologique. Infineon en Allemagne s'en sortait mieux, avançant de 0,71% à 32,51 euros après une chute initiale.
Honda lance une voiture autonome
Le constructeur automobile nippon (+1,61% à 3.101,00 yens) a lancé vendredi au Japon la commercialisation de la première voiture au monde dotée d'un système homologué de conduite autonome avancé de niveau 3.
Londres souffre
Le groupe boursier London Stock Exchange (LSE) plongeait de 8,65% à 8.667,20 pence après avoir pourtant publié des résultats en hausse pour 2020 et annoncé une hausse de son dividende.
Le pétrole dopé par l'Opep+
Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai prenait 2,70% à Londres par rapport à la clôture de jeudi, à 68,54 dollars. Dans le même temps, le baril américain de WTI pour avril gagnait 2,49% à 65,43 dollars.
La décision de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et ses alliés de l'Opep+ de n'augmenter leur production que de manière marginale avait fait bondir les cours de près de 5% la veille.
Le dollar montait de 0,25%, à 1,1939 dollar face à l'euro, à ses plus hauts en trois mois.
Bourse Zurich: la place helvétique échaudée par les taux aux USA
La Bourse suisse poursuivait son chemin de croix vendredi à l'approche de la mi-journée. L'accès de morosité était largement attribué à l'appréciation par le timonier de la banque centrale aux Etats-Unis de la situation sur le front des taux obligataires.
Si le phénomène "a retenu l'attention" de Jerome Powell, ce dernier a exclu jeudi toute intervention de l'institution, à moins d'un changement marqué.
Ipek Ozkardeskaya, de Swissquote, interprète la performance du patron de la Réserve fédérale (Fed) comme un message puissant aux marchés et aux détenteurs de capitaux, "qu'il ne suffit pas de pleurer plus fort pour obtenir tout ce qu'ils convoitent, qu'ils disposent entre leurs mains de suffisamment de jouets et qu'ils n'en recevront pas d'autres."
L'analyste soupçonne aussi le garant de la stabilité monétaire aux Etats-Unis d'appeler de ses voeux une réduction de l'écart démesuré et croissant entre les valorisations boursières et les fondamentaux des sociétés. La situation outre-Atlantique éclipsait quelque peu une actualité chargée sous nos latitudes à la rubrique "résultats d'entreprises".
A 10h56, le Swiss Market Index (SMI) abandonnait 0,83% à 10'659,85 points, le Swiss Leader Index (SLI) 0,88% à 1720,78 points et le Swiss Performance Index (SPI) 0,74% à 13'370,32 points. Sur les trente principales valorisations, seules trois avaient refait surface et deux oscillaient encore autour de la ligne de flottaison.
Le petit peloton de rescapés se composait de Clariant (+0,6%), Logitech et AMS (+0,3%).
UBS était revenu à l'équilibre, après avoir marginalement revu à la baisse son bénéfice 2020 et publié la rémunération de ses organes dirigeants. Credit Suisse (-0,4%) a annoncé la dissolution des fonds suspendus la semaine dernière et l'entame du processus de remboursement des clients concernés.
Le paquebot alimentaire Nestlé (-0,1%) limitait la dérive des indices. Les poids lourds pharmaceutiques par contre reculaient nettement, de 1,0% pour Novartis et même de 1,2% pour le bon Roche. Ce dernier a obtenu un feu vert aux Etats-Unis pour une version sous-cutanée de son Actemra.
La lanterne rouge revenait à Kühne+Nagel (-2,6%). Le titre du logisticien cherchait visiblement un nouveau souffle, au lendemain d'une escalade remarquée.
Le marché élargi était plus éclaté, après avoir offert un nouveau feu d'artifice de résultats annuels.
Le constructeur de machines d'usinage Starrag (+6,3%) n'était précédé que par Bobst (+7,4%) en tête d'indice. Le premier a moins souffert que prévu sur l'exercice écoulé, quand le constructeur de machines d'emballage profitait d'une recommandation à l'achat par Berenberg.
Le prestataire de services financiers VZ Holding (+2,6%) aussi tirait son épingle du jeu, qui prévoit de poursuivre sur la voie de la croissance rentable en 2021.
Les actionnaires de Calida (+2,0%) appréciaient visiblement la libération du dividende au titre de 2019. Le tailleur de pyjama en avait suspendu le versement l'an dernier, invoquant les incertitudes liées à la pandémie.
La société immobilière Zug Estate s'appréciait aussi de 2,0%, au terme d'un exercice 2020 taxé de "record".
Le producteur d'éléments de construction et de dispositifs de fixation métalliques SFS (+1,6%) a relevé la tête en seconde moitié d'année.
Le producteur de consommables dentaires Coltene (+0,4%) n'a pas souffert de la crise sanitaire.
La porteur Schweiter égarait 0,3%, malgré un envol du bénéfice du fabricant de machines textiles, semi-conducteurs et matériaux composites en 2020.
Les laboratoires genevois Obseva (-4,8%) et bâlois Polyphor (-1,6%) ont rendu des copies moins séduisantes.
Le chimiste des réactions aléatoires Dottikon ES (-2,1%) assure que tous les droits de souscription offerts dans le cadre de son projet d'augmentation de capital ont été exercés.(AWP)