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L’emploi progresse, le «variant» se propage

Les nouvelles réjouissantes sont ternies par la résurgence inquiétante des cas de Covid-19 aux Etats-Unis.

François Christen
One Swiss Bank à Genève
10 août 2021, 22h56
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La capacité du rapport de l’emploi américain à faire réagir les marchés financiers s’est encore une fois manifestée. L’état de santé du marché du travail revêt actuellement une grande importance, car le sous-emploi constitue la principale justification à la politique archi-accommodante de la Fed. L’embauche nette, chiffrée à 943.000 postes en juillet, s’est révélée plus élevée que prévue. Le déclin marqué du taux de chômage, de 5.9 % en juillet à 5.4 % en août, met en lumière un rétablissement du marché du travail qui pourrait inciter la Fed à réduire ses achats d’actifs un peu plus vite que prévu.

L’emploi progresse, le «variant» se propage

Il convient toutefois de relever que l’économie américaine est loin d’avoir récupéré tous les emplois perdus au début de la crise sanitaire. L’objectif d’emploi «maximal» visé par la Fed est encore loin d’être atteint et la propagation du variant Delta aux USA pourrait provoquer un ralentissement de l’embauche. Plusieurs entreprises ont d’ores et déjà revu leurs projets de normalisation. La flambée des cas de Covid-19 (110.000 en moyenne-mobile sur une semaine) s’est répercutée sur le nombre d’hospitalisations et sur les décès qui ont quasiment doublé au cours de la dernière quinzaine. Certaines régions du sud sont confrontées à une situation tendue qui remet en question le scénario de «réouverture» qui sous-tend l’optimisme ambiant.

La résurgence des cas de Covid-19 réduit la portée de tous les indicateurs traduisant un renforcement de l’activité en juillet aux Etats-Unis. 

La résurgence des cas de Covid-19 réduit la portée de tous les indicateurs traduisant un renforcement de l’activité en juillet. L’embellie reflétée par l’indice ISM non manufacturier (64.1 en juillet après 60.1 en juin) pourrait être remise en question. Cette nouvelle vague de l’épidémie invite à reconsidérer les perspectives de croissance, mais elle n’implique pas de grands risques de rechute en raison des grandes facultés d’adaptation dont les ménages et les entreprises ont fait preuve depuis une année.

Richard Clarida, membre influent du Board de la Fed, a esquissé jeudi les perspectives de relèvement de taux d’intérêt pour début 2023. Le banquier central est toutefois resté évasif quant aux 120 milliards d’achats d’actifs réalisés mensuellement depuis le début de la crise sanitaire. 

Les progrès de l’économie seront réévalués au cours des prochaines réunions du FOMC, ce qui pourrait nous valoir une réduction des achats de bons du Trésor et de MBS avant la fin de l’année si la situation sanitaire reste sous contrôle grâce aux campagnes de vaccination qui se poursuivent.

Sur le marché des capitaux en dollars, le rendement du T-Note US à dix ans s’est redressé d’une dizaine de points de base pour s’établir aux environs de 1.3 %. Cette réaction pondérée ne remet pas en question le concept «TINA» (pour «there is no alternative») qui postule qu’il n’y a pas d’alternative aux actions pour quiconque souhaite accéder à un rendement décent. Les actions ont ainsi atteint de nouveaux sommets étayés par les résultats trimestriels réjouissants dévoilés par les entreprises de part et d’autre de l’Atlantique. 

En Europe, la structure des taux d’intérêt en euros a échappé à l’influence des USA. Le rendement du Bund allemand à dix ans est quasiment inchangé, à -0.47%. Comme aux USA, les développements conjoncturels observés en juillet sont réjouissants, mais sous la menace d’une dégradation de la situation sanitaire qui pourrait entraver la reprise dynamique espérée au second semestre. 

En Suisse, les emprunts de la Confédération présentent des rendements stationnaires à toutes les échéances. Au Royaume-Uni, la Banque d’Angleterre a maintenu le statu quo, mais les rendements à moyen terme ont légèrement augmenté.