Les marchés semblent vouloir tourner la page Omicron. La raison de ce regain d’optimisme provient de premières analyses qui laissent entrevoir que, malgré une plus forte transmissibilité, l’Omicron a des conséquences moins graves sur la santé que celles des autres variants. Autre point encourageant, un responsable de l’OMS s’est montré confiant quant à l’efficacité, du moins partielle, des vaccins. Ces bonnes nouvelles pourraient ainsi mettre fin à la dernière prise d’otage virale en date, qui a débuté au lendemain de Thanksgiving, malmenant les marchés financiers et accélérant l’aplatissement de la courbe américaine.
En terme d’impact, la semaine du 29 novembre a vu le rendement du deux ans bondir de neuf points de base, tandis que celui du dix ans a chuté de 13 points de base. Comment expliquer le mouvement? Les commentaires sont nombreux et variés. S’il fallait en faire une synthèse, on pourrait en conclure que l’effet Omicron s’est manifesté sur la partie longue de la courbe alors que le tournant restrictif de la Fed aurait inspiré la pression haussière des rendements courts. L’explication est certes quelque peu réductrice. Une version amplifiée pourrait préciser que la baisse des taux longs a reflété la crainte d’un atterrissage brutal de l’économie en cas de resserrement monétaire rapide aux Etats-Unis, combiné à un assombrissement des perspectives lié aux incertitudes du nouveau variant.
Affirmer, à présent, que la page Omicron est sur le point d’être tournée pourrait sembler prématuré. Néanmoins, le marché nous donne un avant-goût de son évolution, une fois la certitude acquise que le variant aura généré plus de peur que de mal. Il suffit pour cela d’observer le comportement des investisseurs face aux nouvelles plus encourageantes de ce début de semaine. Ils ont en effet avancé leurs attentes de hausses des taux directeurs. Avant l’émergence d’Omicron, les futures sur Fed Funds indiquaient un premier relèvement intégral lors de la réunion de juin 2022. En clôture du 29 novembre, les gros titres sur le sujet avaient réduit la probabilité de resserrement en juin à 61%, et la première hausse complète avait été reportée en septembre. À peine plus d’une semaine plus tard, la hausse de juin 2022 est à nouveau entièrement intégrée et plus encore, les chances qu’elle intervienne en mai s’élèvent à 79%.
Cela signale le retour en force de la Fed sur le devant de la scène, d’autant que la réunion de 15 décembre se rapproche et que le marché s’attend à ce que Jerome Powell annonce une accélération du rythme de réduction des achats d’actifs. L’effet Omicron s’estompant, le rendement du deux ans a clôturé la séance du 8 décembre à 0,68%, une hausse de 20 points de base par rapport au 29 novembre et un retour au plus haut niveau depuis mars 2020. À 1,52%, la hausse du rendement 10 ans n’est que de deux points de base sur la même période. En fin de compte, une fois la page tournée le scénario demeure le même, des banques centrales en mode plus restrictif et des courbes souveraines relativement plates.