La Bourse suisse poursuivait son repli marqué vendredi matin, à l'instar des autres places européennes inquiètes de la santé de l'économie américaine. Après le jour férié du 1er-Août en Suisse, les investisseurs avaient de nombreuses nouvelles à digérer et attendaient impatiemment les données sur le marché du travail outre-Atlantique.
La banque centrale américaine (Fed) a maintenu mercredi ses taux d'intérêt à leur plus haut niveau depuis 20 ans, mais a ouvert la voie à une baisse en septembre, préoccupée désormais par une hausse du chômage et non plus seulement par l'inflation.
«Jerome Powell n'a pas clairement confirmé qu'il allait baisser les taux en septembre lors de la réunion de mercredi soir», a souligné John Plassard dans une note de marché. Pour l'expert de Mirabaud Banque, «les investisseurs s'inquiètent maintenant que la Réserve fédérale américaine manque 'une fenêtre d'opportunité' et ne baisse ses taux 'qu'en septembre' lorsque la situation économique pourrait s'être nettement dégradée».
«Les marchés actions ont chuté vendredi, la peur dominant les échanges avant les données sur le marché de l'emploi aux Etats-Unis», a résumé l'analyste Pierre Veyret d'Activtrades. De nombreux secteurs ont subi des prises de bénéfices, notamment les valeurs technologiques après les mauvais résultats d'Intel, Amazon et Apple. La volatilité devrait rester élevée jusqu'à la publication du rapport sur le marché du travail outre-Atlantique.
En Suisse, l'inflation est restée stable au mois de juillet à 1,3% sur un an, conformément aux attentes du marché. Et selon l'indice des directeurs d'achats (PMI), le contexte reste difficile pour le secteur industriel suisse et celui des services voit désormais son activité se détériorer.
Les investisseurs guetteront dans l'après-midi les données sur le marché du travail en juillet aux Etats-Unis pour tenter d'y déceler toute indication de ralentissement économique. Les analystes de Marketpulse tablent sur un taux de chômage stable à 4,1%.
A 10h38 à la Bourse suisse, l'indice vedette SMI accélérait sa chute, baissant de 2,4% à 12.017,80 points, après avoir ouvert en repli de 2,02%. Le SLI perdait 2,7% à 1945,91 points et le SPI abandonnait 2,3% à 15.978,11 points.
La totalité des valeurs vedettes évoluait désormais dans le rouge, les plus fortes baisses étant enregistrées par les valeurs technologiques VAT Group (-8,2%), ABB (-6,6%) et Logitech (-5,0%).
Sika (-2,9%) a annoncé l'acquisition de l'approvisionneur en produits pour la construction en béton Vinaldom dans la République dominicaine. Les contours financiers n'ont pas été précisés.
Le poids lourd Novartis (-1,6%) contribuait à la débandade, alors que Nestlé (-0,3%) et Roche (porteur -0,5%, bon -0,9%) s'en tiraient un peu mieux.
Valeurs technologiques dans le rouge
Sur le marché élargi, également dans le rouge vif, des valeurs technologiques comme Comet (-7,8%), AMS Osram (-5,0%) et U-Blox (-4,0%) affichaient de fortes baisses.
Interroll (-4,8%) constate depuis le début de l'année une amélioration sur ses marchés, grâce notamment à la fin de la phase de déstockage chez les clients. Au premier semestre, la demande s'est tassée, tout comme les recettes du groupe tessinois qui a néanmoins soigné sa rentabilité.
Mobimo (+1,5%) s'en sortait mieux. La société immobilière a réalisé une solide performance après six mois en 2024. Malgré le repli des revenus des loyers, compensé par un résultat dans les activités de développement, la société immobilière lucernoise a vu son bénéfice net bondir de 91,5% sur un an à 65,6 millions de francs.
SHL (+0,3%) a dévoilé la volonté de son président, Yariv Alroy, de quitter son poste «dans une échéance à court terme».
Le négoce de l'action Spexis est suspendu depuis ce vendredi et jusqu'à nouvel ordre. L'autorité de recours du régulateur boursier SIX Exchange Regulation (SER) a rejeté un recours de Spexis. Au bord du dépôt de bilan, le laboratoire n'a toujours pas publié son rapport annuel 2023. (AWP)