Retour en arrière: en janvier 2015, la Banque nationale suisse a abandonné son plancher de 1,20 par rapport à l’euro et elle a abaissé son taux directeur à -0,75%. Cela pour éviter le plus possible que le franc continue à s’apprécier.
C’est alors pratiquement toute la courbe des taux des obligations de qualité supérieure en franc qui a plongé en territoire négatif pour y rester environ sept ans. Investir dans des obligations de grande qualité en franc était ainsi la garantie quasiment assurée de voir son patrimoine se consumer.
Les investisseurs comprennent ce que cela signifie depuis un an et demi. En effet, avec la forte remontée des taux depuis fin 2021, même les portefeuilles obligataires convenablement diversifiés ont perdu environ 15% de leur valeur.
Les obligations n’ont alors pas non plus été en mesure de mettre à profit la caractéristique qui justifie généralement d’en détenir dans un portefeuille: leur corrélation habituellement négative et ainsi leur effet diversificateur par rapport aux marchés d’actions. Comme on le sait désormais, les actions et les obligations ont fléchi pratiquement au même rythme l’année passée.
En outre, les obligations se sont avérées, depuis, être une classe d’actifs très peu stable, aux valeurs inconstantes, du fait des taux extrêmement fluctuants. Récemment, ces fluctuations sur les marchés obligataires ont atteint un niveau encore jamais observé depuis la grande crise financière de l’été 2009.
Revirement de situation
En revanche, avec la correction des cours et les rendements désormais nettement plus élevés, les obligations de grande qualité représentent, sans doute, plus qu’une classe d’actifs à simplement considérer.
Les obligations émises il y a quelques années avec des coupons extrêmement bas, mais qui ont désormais fortement perdu de leur valeur du fait de la remontée des taux, semblent particulièrement intéressantes, notamment pour les investisseurs en franc. Les rendements à échéance de ces obligations paraissent désormais convenables.
En outre, puisque les obligations se négocient à des niveaux bien en dessous du pair et affichent des hausses de cours à chaque fois importantes vers la fin de leur durée, la majeure partie de la performance globale est donc exonérée de l’impôt sur le revenu.
En cas de récession
Ce à quoi il faut ajouter qu’en cas de détérioration de la situation économique, voire de récession, il est probable que les taux directeurs repartent nettement à la baisse dès l’année prochaine et que l’ensemble de la courbe des taux tende ainsi également à baisser.
Le cours des obligations augmenterait encore plus fortement. Et il est alors probable que leur effet diversificateur se déploie à nouveau en interaction avec les expositions aux actions.