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Le «Fed put» n’a pas expiré

Mais cette assurance s’applique moins aux actions volatiles qu’aux conditions sur le marché du crédit.

François Christen
One Swiss Bank à Genève
02 février 2022, 7h00
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Le monde de la finance a le regard rivé sur la Réserve Fédérale qui vient de lancer le compte à rebours d’un cycle de relèvements des taux d’intérêt. La banque centrale conduira une dernière (et absurde) salve d’achats d’actifs en février avant d’adopter un cap restrictif en opérant un premier relèvement du taux d’intérêt des Fed funds lors de la réunion du FOMC des 15 et 16 mars. Les futures du CME préfigurent désormais cinq relèvements conduisant le taux d’intérêt directeur entre 1,25 % et 1,5% en fin de l’année. Un resserrement plus rapide n’est pas exclu si le FOMC décide d’agir à chacune des sept réunions qui figurent encore à l’agenda 2022 (ou s’il opte pour une hausse d’un demi pourcent).

La sérénité étonnante du marché du crédit

La Réserve Fédérale a en outre confirmé la perspective d’une réduction de la taille de son bilan. Ce «resserrement quantitatif» débutera après le commencement du cycle de relèvements des taux d’intérêt et il sera réalisé en ajustant le montant des réinvestissements consécutifs aux remboursements des titres qu’elle détient. Le montant des remboursements établit ainsi une limite supérieure au rythme de contraction du bilan de la Fed qui ne prévoit pas de vendre les actifs accumulés ces dernières années.

Bien que la Fed s’apprête à suivre un cap restrictif, elle devrait continuer à assurer un fonctionnement fluide du marché monétaire. Le «Fed put» n’est donc pas aboli, mais il s’applique aux conditions financières au sens large plutôt qu’aux actions, comme en témoigne l’indifférence du FOMC face aux turbulences boursières. A cet égard, le marché du crédit fait preuve d’une sérénité étonnante au regard de l’agitation du marché des actions. Les primes de risques n’ont que légèrement augmenté depuis de le début de l’année pour s’établir aux environs de 1,1% en moyenne dans l’univers global «High Grade» et 4,15% dans l’univers global «High Yield».

Le «Fed put» n’a pas expiré

L’actualité conjoncturelle aux États-Unis est plutôt souriante. La croissance du PIB a rebondi au quatrième trimestre pour s’établir à 6,9% en rythme annualisé (5,5% en glissement annuel), mais le recul des dépenses de consommation observé en décembre préfigure un tassement lié à la propagation du variant Omicron et au déclin des revenus réels, amputé par une inflation soutenue. A cet égard, l’indice des prix liés aux dépenses de consommation (PCE) affiche en décembre une progression de 0,5% sur un mois et 5,8% en glissement annuel (0,4% et 4,9% hors énergie et alimentation), bien au-delà de l’objectif de 2%. La progression de l’indice des coûts de l’emploi, en hausse de 1% de septembre à décembre et 4,0% en glissement annuel, s’est toutefois légèrement assagie malgré l’asséchement du marché du travail.

Largement escomptés, les avertissements de la Fed ont provoqué une augmentation modérée des taux d’intérêt en dollars US. Le rendement du T-Note à 2 ans a atteint 1,2% dans la perspective d’un relèvement plus rapide des taux monétaires. Les tensions sont en revanche moins prononcées pour les emprunts à long terme tel que le T-Note à 10 ans dont le rendement plafonne aux environs de 1,8% – un niveau peu attrayant, encore loin d’inciter les investisseurs à se détourner des actions pour accumuler les obligations. Les profits et perspectives dévoilés jeudi passé par Apple ont ainsi ravivé les instincts «buy the dip» et «TINA».

Le Bund allemand aux envions de 0%

En Europe, le rendement du Bund allemand à 10 ans est de retour aux envions de 0% après un épisode de repli faisant écho à la correction boursière. La Conseil des gouverneurs de la BCE tiendra jeudi une réunion sans grand enjeu qui devrait permettre à Christine Lagarde de réaffirmer la prédiction d’un reflux graduel de l’inflation. Le plan de route en matière d’achats d’actif est déjà connu et il faudra probablement attendre jusqu’à la fin de l’année pour assister à un relèvement des taux d’intérêt monétaires. Au Royaume-Uni, la Banque d’Angleterre devrait relever son taux d’intérêt directeur de 0,25% à 0,5% – un geste largement attendu qui ne devrait pas avoir un grand impact sur la courbe des rendements en livres sterling.