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La stagflation persiste, les marchés s’enlisent

La coexistence des risques d’inflation et de récession entraîne une stabilité précaire des rendements.

L’heure d’une pause n’a pas encore sonné à Francfort, mais on peut raisonnablement espérer un changement de cap de la BCE en 2024.
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L’heure d’une pause n’a pas encore sonné à Francfort, mais on peut raisonnablement espérer un changement de cap de la BCE en 2024.
François Christen
One Swiss Bank à Genève
17 mai 2023, 7h00
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Les marchés occidentaux présentent des rendements stationnaires au terme d’une semaine sans grand relief. Aux Etats-Unis, l’inflation mesurée en glissement annuel a poursuivi sa décrue en avril pour s’établir à 4,9% (5,0% en mars). L’inflation sous-jacente, hors énergie et alimentation, demeure toutefois problématique (0,4% mensuel, 5,5% sur douze mois) en raison de l’augmentation persistante des prix du logement. Ces chiffres devraient conforter la Réserve fédérale (Fed) dans sa volonté d’interrompre le cycle de relèvements des taux d’intérêt, mais ils ne plaident pas pour l’assouplissement rapide préfiguré par l’inversion de la courbe des rendements et la trajectoire reflétée par les contrats futurs sur le taux des Fed Funds.

Parmi les indicateurs dignes d’intérêt, on relève une augmentation marquée des demandes d’indemnité de chômage (264.000 selon le dernier relevé hebdomadaire), qui pourrait annoncer un refroidissement d’un marché du travail étonnamment ferme depuis le début de l’année. La dégradation brutale de la confiance des consommateurs mise en lumière par la dernière enquête de l’Université de Michigan (57,7 préliminaire en avril, après 63 en mars) et la dérive à la hausse des anticipations d’inflation à 5 ans (de 3,0% à 3,2%, au plus haut depuis 2011) exhalent un parfum de stagflation qui complique la tâche de la Fed.

Le mélodrame lancinant provoqué par le plafond de la dette fédérale continue à produire des effets marginaux sur la valorisation des T-bills et des CDS permettant de s’assurer contre un défaut des Etats-Unis, sans conséquences majeures pour Wall Street ou les emprunts du Trésor dont la maturité excède quelques mois. Cette indifférence traduit l’opinion, très consensuelle, que les parlementaires républicains ne sont pas assez stupides pour se tirer une balle dans le pied en provoquant un défaut cataclysmique. Sous cette hypothèse, la majorité républicaine de la Chambre des représentants devrait finalement concéder, au minimum, une extension limitée du plafond permettant de prolonger les négociations avec la Maison-Blanche et la majorité démocrate au Sénat.

Comme évoqué plus haut, la courbe des rendements en dollars US semble figée: le rendement du T-Note à 10 ans présente toujours une évolution latérale, à proximité de 3,5%, tandis que celui du T-Note à 2 ans avoisine 4% depuis mi-mars. Bien que la crise des banques régionales semble sous contrôle, le système bancaire demeure vulnérable en dépit des perfusions accordées par la Réserve fédérale.

La stagflation persiste, les marchés s’enlisent

En Europe, la maigre actualité économique n’a pas entraîné de mouvements significatifs de la courbe des rendements en euros qui présente une inversion typique d’une fin de cycle. L’heure d’une pause n’a pas encore sonné à Francfort, mais on peut raisonnablement espérer un changement de cap de la Banque centrale européenne en 2024. Au Royaume-Uni, la Banque d’Angleterre a encore une fois relevé son taux d’intérêt directeur d’un quart de pourcentage à 4,5% – une décision prise par une majorité de 7 voix contre 2 en faveur du statu quo.

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