On accuse souvent les ETFs d’être la source de mouvements extrêmes sur les marchés financiers, de déstabiliser la liquidité des sous-jacents qui les composent ou encore d’exacerber la volatilité d’indices boursiers ou obligataires. Mais avant de tirer des conclusions trop hâtives, il est important de comprendre de quoi on parle.
Les ETFs bénéficient de deux niveaux de liquidité, un «secondaire» et un «primaire», contre un seul pour la majorité des sous-jacents qui les composent. Le secondaire concerne les transactions classiques sur des places financières régulées comme l’Euronext, la SWX ou encore le NYSE. La liquidité est fournie par des «Market Makers» qui assurent la profondeur de marché pour les investisseurs souhaitant acheter ou vendre ces fonds qui répliquent des indices. Le primaire consiste à garantir la bonne exécution d’ordres de tailles importantes sans créer de distorsions majeures.
Le degré d’adéquation entre le prix d’un ETFet la valeur de ses sous-jacents est vérifiable.Pour ce faire, l’industrie financière mesure l’écartentre son prix de clôture et la somme des prixdes sous-jacents, autrement dit, la «NAV»,tout comme pour un fond de placement.
L’investisseur s’adresse à un «Market Maker» qui a la possibilité de «créer» ou de «détruire» des actions d’un ETF donné. A cette fin, il achète ou vend les sous-jacents, en Bourse pour des actions ou de gré à gré pour des obligations, dans le but de finaliser la transaction aux meilleures conditions possibles. Le degré d’adéquation entre le prix d’un ETF et la valeur de ses sous-jacents est vérifiable. Pour ce faire, l’industrie financière mesure le niveau de stress dudit ETF, c’est-à-dire l’écart entre son prix de clôture et la somme des prix des sous-jacents, autrement dit, la «NAV», tout comme pour un fond de placement. L’écart, qualifié de «prime ou discount» selon qu’il soit positif ou négatif, indique si l’ETF est décorrélé de sa valeur intrinsèque ou pas.
Afin d’illustrer ce propos, considérons le iShares iBoxx High Yield Corporate Bond ETF (HYG US) qui compte près de 14 milliards de dollars d’actifs. En moyenne sur les 10 dernières années, l’écart entre le prix de clôture du HYG US et sa NAV (valeur nette des actifs) s’est traduit par une prime d’à peine 0,25%. Elle s’explique probablement par le manque d’homogénéité des cotations sur les marchés obligataires, surtout High Yield. Mieux encore, lorsqu’un ETF réplique le S&P500, l’écart est proche de zéro du fait que chaque action bénéficie d’un prix officiel de clôture. Et pour finir, en période de stress intense, comme ce fut le cas en mars et avril 2020, le HYG US s’est d’abord traité avec discount de -1,27%, durant la forte vague de vente, puis avec une prime de +4,58% lors du rebond spectaculaire qui a suivi. Un écart certes important mais qui, dès les premiers signes de stabilité, a retrouvé sa moyenne, dès le mois de mai, demeurant stable depuis.
A noter encore que malgré la soudaine illiquidité totale du marché High Yield en mars 2020, les ETFs traitaient «normalement» sur leurs places de Bourses respectives, permettant ainsi de contourner la frilosité des «Market Makers» obligataires quant à prendre des positions sur leur bilan. Comme quoi, n’est pas celui qui dit qui est!