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La pression monte avant la réunion de la BCE

La zone euro n’est pas à l’abri d’un ralentissement économique au cours des prochains mois.

Gianni Pugliese
Mirabaud - Analyste obligataire
02 décembre 2021, 23h07
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L'inflation dans la zone euro a atteint un taux record en novembre à 4,9%, un chiffre qui pimente encore un peu plus le quotidien d’une BCE déjà confrontée à la hausse des cas de coronavirus, aux difficultés d’approvisionnement, à la flambée des prix de l'énergie et au nouveau variant Omicron. Mais plus que le quotidien, ce chiffre complique surtout les décisions de la banque centrale pour l'année à venir. Jamais Eurostat n'avait enregistré un tel niveau depuis le début de ses estimations il y a plus de 20 ans. Un précédent record de 4,1% avait été établi en octobre mais il égalait celui de juillet 2008. Depuis des mois, l'inflation s’avère plus haute que les prévisions de la plupart des économistes, y compris ceux de la BCE. De son côté, Mme Lagarde a multiplié ses efforts pour convaincre les marchés que cette période de forte inflation est temporaire, signalant à maintes reprises qu'aucun relèvement des taux directeurs n’aura lieu en 2022.

Cela dit, la menace que des prix durablement élevés n’aboutissent à des pressions salariales susceptibles de renforcer la spirale haussière des prix n’est pas écartée pour autant. Même son de cloche de la part des spécialistes obligataires qui estiment que plus l’inflation reste à des niveaux élevés, plus il y a de chances qu'elle se répercute sur l'état d'esprit des ménages et des entreprises. La pression monte, donc, et la BCE se retrouve entre le marteau et l’enclume, entre une Bundesbank qui se méfie de l'inflation et des pays d'Europe du Sud qui l’exhortent de garder le pied sur l'accélérateur du soutien.

Doutes sur le réel contrôle de la situation

Il est à noter, malgré tout, que la zone euro n’est pas à l’abri d’un ralentissement économique au cours des prochains mois. Non seulement les récentes contraintes misent en place pour freiner la hausse du virus affecteront certainement l’activité, mais le nouveau variant Omicron pourrait potentiellement approfondir et prolonger le ralentissement. Un répit pour Mme Lagarde qui ne souhaite pas d’un resserrement monétaire prématuré qui pourrait compromette l’objectif d’inflation à moyen terme. Mais l’emballement des prix à la consommation est tel qu’il sème le doute sur le réel contrôle de la situation. Le variant Omicron complique encore la donne dans la mesure où le marché craint de nouveaux goulots d'étranglement et donc des pressions inflationnistes supplémentaires. Nul doute, donc, que la BCE va devoir continuer à composer avec des vents contraires.

Le Conseil des gouverneurs devra tenir bon face à la poussée « temporaire » de l'inflation et garder le cap sur le moyen terme. Les achats nets dans le cadre du programme d'achat d'urgence, le PEPP, devraient prendre fin en mars prochain. Des économistes s'attendent à ce que l’APP, le programme d’achat d’actifs antérieur au PEPP, prenne le relais en doublant les rachats à 40 milliards d’Euros pendant six mois à partir du second trimestre. La première hausse des taux d'intérêt ne devrait pas avoir lieu avant fin 2023 mais d’ici là, tout peut arriver.