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La parenthèse bancaire se referme

Le rétablissement de la confiance à l’égard des banques réduit les craintes de rationnement du crédit.

Les bons résultats dévoilés vendredi passé par JP Morgan, Citigroup et Wells Fargo ont provoqué un redressement des rendements en dollars et une baisse des primes de risque de crédit qui ont culminé en mars.
Keystone
Les bons résultats dévoilés vendredi passé par JP Morgan, Citigroup et Wells Fargo ont provoqué un redressement des rendements en dollars et une baisse des primes de risque de crédit qui ont culminé en mars.
François Christen
One Swiss Bank à Genève
18 avril 2023, 19h30
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Les nombreux indicateurs publiés durant la quinzaine écoulée aux Etats-Unis n’ont pas eu un grand impact sur la courbe des rendements en dollars qui présente à peu près la même physionomie qu’à fin mars. Le rendement du T-Note à 10 ans s’établit toujours aux environs de 3,5% après être brièvement tombé en dessous de 3,3%. Il en va de même pour le rendement du T-Note à 2 ans qui a sombré à 3,7% avant se redresser à proximité de 4,1%. Ces allers-retours traduisent des perspectives conjoncturelles incertaines où coexistent une inflation obstinément élevée et des risques importants de récession.

Sans surprise, l’inflation mesurée en glissement annuel a fortement ralenti, passant de 6% en février à 5% en mars. Cette décrue résulte principalement du déclin des prix de l’énergie par rapport aux niveaux relevés en mars 2022, peu après le début de la guerre en Ukraine. Le déclin des prix des biens, notamment des voitures d’occasion, alimente aussi la désinflation. Hors énergie et alimentation, l’inflation sous-jacente continue cependant à évoluer à un rythme amplement supérieur à 2% (0,4% mensuel, 5,6% en glissement annuel). Cette tendance est alimentée par l’augmentation des prix du logement (loyers et «équivalents» pour les propriétaires) qui devrait s’estomper. Le déclin des prix à la production de -0,5% en mars (pour une progression annuelle de 2,7% contre 4,9% un mois auparavant) semble aussi annoncer un refroidissement de l’inflation au cours des prochains mois.

La parenthèse bancaire se referme

Les indicateurs d’activités font généralement état d’une dégradation de la conjoncture. Le déclin marqué de l’indice ISM consacré aux services (51,2 en mars après 55,1 en février), après un rebond temporaire, met en lumière un déclin des entrées de commandes et une augmentation moins rapide des prix et des effectifs. A cet égard, le dernier rapport de l’emploi fait état d’un tassement de l’embauche de 326.000 en février à 236.000 en mars. Le taux de chômage a néanmoins baissé de 0,1 point de pourcentage à 3,5% – un niveau propice au développement d’une boucle «prix-salaires». Il faut toutefois relever que la progression du revenu horaire moyen a ralenti pour s’établir à 0,3% sur un mois et 4,2% en glissement annuel. Le déclin des ventes au détail et de la production manufacturière observé en mars complète un tableau assez sombre qui devrait inciter la Réserve fédérale américaine (Fed) à la prudence, même si l’inflation n’est pas encore maîtrisée.

En dehors du champ macroéconomique, les bons résultats dévoilés vendredi passé par JP Morgan, Citigroup et Wells Fargo ont provoqué un redressement des rendements en dollars et une baisse des primes de risque de crédit qui ont culminé en mars. La solidité des grands acteurs bancaires invalide en partie les craintes de resserrement des conditions d’accès aux crédits. Ironiquement, ces bonnes nouvelles remettent en question l’espoir d’un changement de cap rapide de la part de la Fed et renforcent la probabilité d’un relèvement du taux d’intérêt des Fed Funds de 0,25 point de pourcentage le 3 mai.

En Europe, les taux d’intérêt en euros sont soumis à des tensions qui ont conduit le rendement du Bund allemand à 10 ans au-dessus de 2,45%, loin du niveau de 2,1% entrevu en mars. Comme aux Etats-Unis, ce redressement est imputable à la réévaluation des risques de crise bancaire. Mitigés, les indicateurs récents ne sont pas assez alarmants pour dissuader la Banque centrale européenne (BCE) de maintenir un cap restrictif favorisant une appréciation de l’euro face au dollar. A contre-courant, les emprunts en francs suisses présentent des rendements en baisse alors que le franc se renforce, ce qui devrait favoriser un reflux de l’inflation vers l’objectif de la Banque nationale suisse (BNS).