Aux Etats-Unis, l’inflation concerne désormais la majorité des biens et services, ce qui contraindra la Réserve fédérale à agir dès mars prochain. Le cocktail d’une politique monétaire restrictive et d’un soutien budgétaire plus faible sont pourtant de nature à limiter les perspectives d’activité à moyen terme. C’est le risque qui préoccupe désormais les investisseurs.
L’impulsion budgétaire aux Etats-Unis sera moindre en 2022. Le plan de relance de 1900 milliards de dollars («Build Back Better») voulue par l’administration Biden n’a toujours pas été adopté. Le déficit budgétaire est attendu à 1150 milliards en 2022 soit 60% de moins qu’en 2021, ce qui représente 4,7% du PIB contre 12% l’an dernier. Selon le Brookings Institute, la contribution de la politique fiscale sera de -2,8% du PIB réel en 2022 contre +7% début 2021, et cette dynamique restera négative en 2023 en l’absence de nouveau plan.
La courbe des taux s’aplatit
La politique monétaire deviendra de plus en plus restrictive. Le taux directeur augmentera de 75 points de base (prévision de la Fed) à 125 points de base (prévision des investisseurs) en 2022. Le bilan, en hausse de 20% sur un an, se stabilisera avec la fin des nouveaux rachats d’actifs. Un durcissement trop rapide de la politique monétaire est susceptible de freiner l’investissement privé et limiter la hausse de l’activité que nous attendons à 3,7% cette année.
Cette dynamique a déjà conduit les analystes à réviser leur prévision de croissance 2022 sur l’activité américaine de 4,3% à 3,8% au cours des quatre derniers mois. Depuis le début d’année, le taux 2 ans a fortement augmenté (+60 points de base) en raison des anticipations haussières sur le taux directeur de la Fed en 2022, tandis que le taux 10 ans a atteint les 1,9% (+40pb). L’écart entre le taux 10 ans et 2 ans a ainsi diminué de 20 points de base pour s’établir à 60 points de base, ce qui signifie que la courbe des taux d’intérêt s’est aplatie. Historiquement, cette dynamique signale un ralentissement économique en lien avec les niveaux de confiance des consommateurs américains et avec le niveau d’écart de production désormais positif.
Ainsi, le risque de ralentissement économique devrait passer au premier plan dans les mois à venir, devant le risque inflationniste. L’expansionnisme budgétaire, sans équivalent depuis des décennies, a accentué l’amplitude du cycle économique dont l’évolution devient plus rapide. L’inflation élevée, qui entretient le risque de nouvelles hausses des taux en est l’illustration.
A court terme, la Fed devra réagir à cet environnement sans pénaliser l’activité économique, d’où le risque de double effet pour l’économie américaine. Cela a amené les investisseurs à réduire leur exposition sur les obligations souveraines. A moyen terme, cela renforcera surtout l’importance de nouveaux soutiens budgétaires, ce qui sera favorable pour les actifs risqués.