Les endroits où se cacher se font de plus en plus rares sur les marchés obligataires. Le changement de cap résolument «faucon» de la Fed affole les investisseurs. La pression baissière sur les prix des bons du Trésor s’accentue, traverse les frontières et se propage à l’échelle planétaire. Mercredi 19 janvier, le rendement du T-Note à 10 ans s’est traité au-dessus de 1,88%, un plus haut niveau depuis début 2020, et son homologue allemand a franchi la barre du 0%, effectuant ainsi un retour en territoire positif pour la première fois depuis 2019! Plus loin, l’emprunt australien à 10 ans s’est échangé à plus de 2% et se rapproche des 2,10%, un niveau atteint en octobre dernier et qui n’avait plus été constaté depuis 2019.
Fed et inflation, en tête des préoccupations du marché
La hausse des rendements reflète évidemment la conviction croissante que l’inflation élevée aux États-Unis incitera la Fed à remonter ses taux plus rapidement que prévu. A ce propos, les futures sur les Fed funds intègrent désormais quatre hausses de 25 points de base en 2022, dont la première en mars. Pour mémoire, lors de la mise à jour des «dot plots» en décembre dernier, seuls deux des dix-huit membres du FOMC avaient indiqué quatre hausses cette année, tous les autres ayant tablé sur trois ou moins.
Même son de cloche du côté de Deutsche Bank, JPMorgan, et Morgan Stanley qui prévoient à présent également quatre resserrements en 2022. Certains acteurs du marché vont plus loin encore et n’excluent pas un premier relèvement de 50 points de base en mars. Autrement dit, l’inflation et la Fed occupent largement la tête des préoccupations du marché. Mais si la Fed retient l’attention majeure, son revirement «faucon» ne se répercute pas moins ailleurs.
Des hausses imminentes sont attendues dans de nombreux pays. Elles sont actuellement illustrées par des «overnight index swaps» qui évaluent à 92% la probabilité d’une hausse des taux lors de la réunion de la Banque d’Angleterre début février, à 82% celle de la réunion de la Banque du Canada la semaine prochaine et à 100% celle de la réunion de la Banque de Nouvelle-Zélande fin février.
Les risques d’une normalisation
La normalisation des politiques monétaire s’accélère mais elle suscite des craintes. Les banques centrales peuvent certes venir à bout de l’inflation en relevant plus rapidement leurs taux mais, dans un monde très endetté et sensible aux taux d’intérêts, elles prennent le risque de nuire à leurs économies respectives.
Quoi qu’il en soit, la Fed semble avoir pris en otage la quasi-totalité du marché de la dette. L’immense majorité des indices obligataires Bloomberg affichent des performances négatives ce mois-ci. Alors où se cacher? Un des rares secteurs ayant résisté jusqu’ici est celui des emprunts à taux variables. Les performances sont positives, même si minuscules, aux Etats-Unis, en Angleterre, au Japon et en Australie. Elles sont tout juste négatives en Europe, bien que supérieures à celles des autres indices européens. L’année s’annonce difficile.