Très attendus, les chiffres d’inflation publiés mardi passé ont reçu un accueil enthousiaste de la part des investisseurs en obligations et du côté de Wall Street où l’indice S&P 500 a enregistré des gains substantiels pour la troisième semaine consécutive. Le changement de décor est radical au regard de la morosité qui prévalait à fin octobre, alors que le rendement du T-Note US à 10 ans flirtait avec un niveau de 5%.
Inchangé en octobre, l’indice des prix à la consommation affiche une progression de 3,2% en glissement annuel. Expurgé des aléas de prix de l’énergie et de l’alimentation, l’indice sous-jacent affiche une augmentation de 0,2% par rapport au mois précédent et de 4,0% en glissement annuel. Cette variation est encore amplement supérieure à l’objectif visé par la Réserve fédérale (Fed), mais la progression observée depuis juin (2,6% en rythme annualisé) n’est plus très loin de la cible et devrait refluer davantage à la faveur d’un ralentissement de la progression des prix du logement.

Le reflux de l’inflation et les symptômes de ralentissement qui ont émergé en octobre (repli des indices ISM, ralentissement de l’embauche, augmentation du taux de chômage) devraient convaincre une large majorité des membres du FOMC de ne pas relever davantage le taux d’intérêt des Fed funds en décembre. Un large consensus estime que le cycle de resserrement monétaire est achevé et qu’un changement de cap interviendra en 2024.
Les avis divergent quant à la rapidité et à l’ampleur de la baisse des taux d’intérêt attendue l’an prochain. Reflet des attentes actuelles, le futures préfigurent une première baisse de taux au deuxième trimestre et une baisse cumulée de 0,75% jusqu’à la fin de l’année. En d’autres termes, une majorité d’acteurs semblent parier sur un atterrissage en douceur conduisant la Fed à normaliser progressivement les conditions monétaires l’an prochain.
Ce scénario réjouissant est étayé par les indicateurs conjoncturels récents. Le modeste repli des ventes au détail observé en octobre (-0,1% après + 0,9% en septembre) s’est révélé moins prononcé que prévu. La baisse de la production manufacturière, la chute de l’indice NAHB consacré au marché immobilier et l’augmentation régulière des demandes d’indemnités de chômage traduisent toutefois un ralentissement de la croissance au quatrième trimestre après le sursaut du troisième trimestre.
Le reflux de l’inflation a entraîné un déclin marqué des rendements en dollars. Celui du T-Note à 10 ans s’est ainsi replié en dessous de 4,5% après avoir entamé la semaine à proximité de 4,65%. Ce reflux invite à nouveau à privilégier les emprunts d’échéances courtes et intermédiaires. Tactiquement, il est vraisemblablement trop tard pour acheter de la duration, mais trop tôt pour la vendre.
Les marchés obligataires européens ont suivi la tendance dictée par les Etats-Unis. La structure des taux d’intérêt en euros a sensiblement baissé, conduisant le rendement du Bund allemand à 10 ans près de 2,6%. Les emprunts du gouvernement italien ont bénéficié d’un relèvement des perspectives (de négatives à stables) annoncé par Moody’s. Au Royaume-Uni, le reflux de l’inflation et le déclin des ventes au détail ont accentué l’inversion de la courbe des rendements en livres sterling. Le marché des capitaux en francs suisses s’est conformé à la tendance générale, malgré les propos austères du président de la Banque nationale suisse.