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La confiance est restaurée après un bref interlude

Les emprunts gouvernementaux sont malmenés alors que les Bourses se reprennent déjà.

François Christen
One Swiss Bank à Genève
09 février 2021, 23h35
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L’anecdotique chapitre «GameStop», qui a animé la fin du mois de janvier, semble déjà clos. Alors que les actifs risqués ont renoué avec une tendance haussière, les obligations gouvernementales ont cédé du terrain la semaine passée. Aux Etats-Unis, le rendement du T-Note à dix ans s’est redressé d’une dizaine de points de base pour se rapprocher de 1,2%, un niveau qui n’a plus été observé depuis février 2020. 

Cette correction des actifs les plus sûrs s’explique par plusieurs facteurs, notamment l’évolution assez réjouissante de la courbe des nouveaux cas de Covid-19 aux Etats-Unis et dans le reste du monde. Ce repli, qui s’applique également aux hospitalisations et au décès, est assez encourageant mais il est très prématuré d’affirmer que la crise sanitaire est surmontée.

Créations d’emplois à la hausse aux Etats-Unis

L’actualité conjoncturelle a aussi contribué au rétablissement de la confiance des investisseurs après les turbulences de la semaine passée. Les créations d’emplois sont reparties à la hausse après la brève interruption survenue en décembre: l’embauche nette se chiffre à 49.000 en janvier (succédant à la suppression de 227.000 postes le mois précédent). 

La confiance est restaurée après un bref interlude

Le taux de chômage est passé de 6.7% en décembre à 6.3% en janvier. Le reflux des demandes d’indemnités de chômage traduit aussi un rétablissement du marché du travail (779.000 ouvertures de dossiers, pour un total de 4592 chômeurs indemnisés).

Légère érosion de l’indice ISM manufacturier

La légère érosion de l’indice ISM manufacturier, de 60.5 en décembre à 58.7 en janvier, est contrebalancée par le redressement de la jauge consacrée aux autres secteurs incluant les services (58.7 après 57). Les deux indices ISM se situent clairement à des niveaux synonymes d’expansion, ce qui suggère que la croissance du PIB au premier trimestre pourrait se révéler plus solide que généralement escomptée.

Le redressement de Wall Street est aussi étayé par les bons résultats et perspectives dévoilés par les entreprises. Dans le sillage d’autres géants de la «tech US», Alphabet a annoncé des profits nettement supérieurs aux attentes pour le quatrième trimestre 2020. Le niveau record du Nasdaq et des autres indices n’est pas dénué de fondements. Le décalage entre le choc économique causé par la crise sanitaire et la progression soutenue des actifs risqués ne se réduit pas à un nouvel épisode d’exubérance irrationnelle.

Le «policy mix» stimulant explique également l’optimisme ambiant. L’administration de Joe Biden continue à promouvoir un plan de relance totalisant 1900 milliards de dollars malgré l’opposition d’une majorité de Républicains. Conjugué à une amélioration de la situation sanitaire favorisée par la campagne de vaccination, ce plan qui prévoit des versements accrus aux ménages devrait favoriser un renforcement marqué de la consommation privée.

L’effet Draghi en Italie

En Europe, le marché des capitaux en euros est aussi le théâtre d’un redressement des rendements à long terme. En augmentation d’une dizaine de points de base, le rendement du «Bund» allemand à dix ans est désormais proche de -0,4%.

A contre-courant, le BTP italien a amplement bénéficié du retour de «Super Mario» Draghi qui tentera de former un nouveau gouvernement de coalition. La cote de confiance stratosphérique de l’ancien président de la BCE a provoqué un fort déclin de la prime de risque infligée à l’Italie.

Les indicateurs économiques récents ne sont guère souriants, mais conformes aux attentes. Le PIB de la zone euro s’est contracté de 0,7% au quatrième trimestre; en glissement annuel, le recul s’établit à 5.1%. L’élan de le reprise est certes brisé, mais le repli est limité au regard de la dégradation de la situation sanitaire survenue à fin 2020. L’érosion des PMIs constatées en janvier n’annonce pas un rétablissement conjoncturel au premier trimestre, mais une amélioration de la situation sanitaire pourrait favoriser une reprise dès le printemps.

Le rebond brutal de l’inflation observé en janvier (0,9% en glissement annuel après -0,3% en décembre; 1,4% après 0,2% hors énergie et alimentation) a dépassé les attentes, mais il s’explique probablement par des facteurs temporaires (calendrier des soldes, ajustement du taux de TVA en Allemagne). La zone euro est bien loin d’un état de surchauffe.

Le Royaume-Uni veut favoriser le retour de l’inflation

Au Royaume-Uni, le Comité de politique monétaire de la Banque d’Angleterre a unanimement décidé de maintenir un cap stimulant afin de favoriser le retour de l’inflation vers l’objectif de 2% – une perspective attendue dès le printemps avec l’arrêt de la baisse temporaire du taux de TVA. 

Sans surprise, les PMIs ont chuté en janvier (39.5 après 49.4 pour les services; 49.2 après 54.6 pour le secteur manufacturier) en raison du durcissement des contraintes sanitaires, mais la décrue des cas observées depuis mi-janvier permet d’espérer des assouplissements dans un avenir assez proche.

Le rendement du «Gilt» à dix s’est redressé de près de 20 point de base pour s’établir près de 0.5%.