La Bourse suisse a opéré vendredi soir ses derniers échanges dans le rouge, les investisseurs craignant après la riposte de la Chine une escalade dans la guerre commerciale lancée par Donald Trump. De l'autre côté de l'Atlantique, le marché de l'emploi reste robuste, mais la situation risque de se détériorer rapidement avec les nouveaux tarifs douaniers.
L'onde de choc des droits de douane massifs imposés par Donald Trump au reste du monde a continué vendredi à se propager à travers la planète, encore amplifiée par la riposte de la Chine. Pékin a annoncé vouloir imposer à son tour des taxes de 34% sur toutes les importations de biens américains, faisant craindre une escalade dans la guerre commerciale.
Parallèlement, le marché de l'emploi américain reste robuste. En mars, la première économie mondiale a créé beaucoup plus d'emplois qu'anticipé: 228.000 postes ont été créés, selon les données du ministère du Travail vendredi. Les analystes attendaient autour de 140.000 emplois. A 4,2%, le taux de chômage reste encore faible. Il se situe dans une fourchette considérée comme celle du plein-emploi.
«Les chiffres de l'emploi du jour sont bons avec une hausse des créations d'emploi largement au-dessus des estimations les plus optimistes du consensus. Mais ne nous y trompons pas: les investisseurs ne sont pas dupes. En effet, ils savent que les premiers effets des licenciements décidés par le Ministère de l'efficacité gouvernementale (DOGE) d'Elon Musk auront lieu le mois prochain et que ce sont bien les décisions tarifaires de Donald Trump qui impactent les marchés actuellement», estime John Plassard de Mirabaud Banque, dans un commentaire.
Pour Thomas Gitzel, chef économiste chez VP Bank, le rapport sur le marché du travail de mars n'est qu'un instantané. «Si l'économie mondiale devait subir des dommages plus importants, les États-Unis devraient également craindre une récession, ce qui exercerait une pression sur le marché du travail», analyse-t-il. Pour l'expert, il existe encore une chance que les négociations conduisent à une réduction des tarifs douaniers et donc à un effet atténuant sur une récession mondiale.
A New York, Wall Street continuait de s'enfoncer dans le rouge en matinée, inquiète des représailles de la Chine. Le Dow Jones perdait 3,21%, l'indice Nasdaq lâchait 3,68% et l'indice élargi S&P 500 s'enfonçait de 3,72%.
En Suisse, la situation sur le marché suisse de l'emploi est demeurée stable en mars. Le taux de chômage est resté sous la barre des 3,0%, à 2,9%. Cependant, les droits de douane américains font augmenter les incertitudes, selon le Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco).
Le SMI a chuté de 5,14% à 11.648,83 points, plus haut à 12.189,64 points et plus bas à 11.531,79 points. Le SLI a perdu 5,08% à 1866,22 points et le SPI a reculé de 5,22% à 15.508,19 points. L'ensemble des 30 valeurs vedettes ont terminé dans le rouge vif.
Aucun blue chip n'a tiré son épingle du jeu vendredi, y compris Givaudan (-0,8%) qui avait effectué une percée dans le vert dans l'après-midi.
Les trois poids lourds de la cote Nestlé (-3,6%), Novartis (-5,4%) et Roche (-6,0%) n'ont pas réussi à inverser la tendance. Goldman Sachs a abaissé l'objectif de cours de Roche à 259 francs, contre 274 francs précédemment.
Sandoz (-7,1%), Swiss Re (-7,5%) et Partners Group (-7,7%) ont échoué dans le fond du classement.
Julius Bär (-8,1%) a fini lanterne rouge.
Sur le marché élargi, Pierer Mobility (-20,9%) a clairement dévissé à la clôture de la Bourse. Le motoriste autrichien a prévenu que son «surendettement évident» à fin 2024, induit par le déficit d'envergure déjà annoncées en janvier, allait nécessiter de douloureuses concessions pour ses actionnaires.
Cicor (-5,1%) a également plongé mais dans une moindre mesure. Le fabricant st-gallois de composants électroniques a acquis pour un montant non dévoilé la société espagnole Malaga Aerospace, Defense & Electronics Systems (MADES). (AWP)