La Bourse suisse ne parvenait toujours pas à s’extraire de la zone des pertes mardi à l’approche de la mi-journée. Alors que le repli, reflet pour bonne part des pertes des poids lourds pharma Novartis et Roche, se révélait toutefois modéré au regard du plongeon subi la veille par Wall Street, les investisseurs s’inquiètent de l’économie américaine, les décisions du président Donald Trump se révélant erratiques.
Chez Mirabaud Banque, John Plassard rappelle que «Donald Trump a dit tout et son contraire ce week-end». Le président américain a refusé d’exclure une récession, reconnaissant les risques économiques, mais insistant sur le fait que cela fait partie d’une «période de transition» pendant laquelle les Etats-Unis ramènent la richesse. Il a minimisé les inquiétudes des entreprises, rejetant leurs demandes de clarté sur les droits de douane.
«Ce n’est évidemment pas pour rassurer» les marchés, a estimé Christopher Dembik, conseiller en investissement chez Pictet AM. «Les paris sur une récession augmentent de jour en jour, les entreprises donnent des prévisions de plus en plus floues à cause des droits de douane, et les principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis commencent à réagir», a abondé Ipek Ozekardeskaya, analyste pour Swissquote Bank.
Ce mardi, après avoir digéré une nouvelle série de résultats d’entreprises, les investisseurs se pencheront avec une grande attention sur rapport de l’emploi américain Jolts.
Après avoir démarré en repli de 0,42%, le SMI a évolué relativement latéralement, avant de connaître un accès de faiblesse un peu plus prononcée peu après 10h30. Vers 10h40 l’indice phare abandonnait 0,79% à 12.911,20 points. Le SLI cédait pour sa part 0,64% à 2088,19 points, alors que l’indicateur élargi SPI se montrait un peu plus solide, perdant 0,26% à 17.099,01 points.
Parmi les trente valeurs constitutives du Swiss Leader Index, onze gagnaient du terrain, les dix-neuf autres en perdant. Deux des trois plus grosses capitalisations du marché helvétique, à savoir les géants bâlois de la pharma Novartis (-3,6%) et Roche (-1,0%) pesaient fortement sur la performance. Perdant 3,7 francs, la nominative Novartis était traitée hors dividende de 3,50 francs par action.
Julius Baer (-1,7%) pointait devant la lanterne rouge Novartis, en compagnie du bon de participation Lindt (-1,2%) et de Straumann (-1,1%). Condamnée lundi à Paris à une amende de 75.000 euros (71.410 francs), la peine maximale encourue, pour harcèlement moral par sa filiale française de deux lanceurs d’alerte qui avaient dénoncé le système d’évasion fiscale organisé par l’établissement bancaire, UBS (-0,7%) était aussi à la peine. Le numéro deux mondial de la réassurance Swiss Re lâchait pour sa part 0,7%.
En haut de tableau, l’horloger biennois Swatch Group (+2%) prenait la tête, à la lutte avec le géant zurichois de l’électrotechnique ABB (+2,0%). Partners Group (+1,3%) grimpait sur la 3e marche du podium provisoire. Le gestionnaire zougois d’actifs a enregistré une croissance à deux chiffres tant de ses recettes que de son bénéfice net l’année dernière. Les actionnaires verront leur dividende relevé de trois francs.
Autre valeur phare du marché helvétique, la nominative Nestlé (+0,02%) se situait, elle, de peu du bon côté de la barre.
Sur le marché élargi, le sous-traitant pharma Polypeptide dégringolait de 13,6%, après la publication de ses résultats 2024. Komax (-10,7%) en faisait de même, le fabricant lucernois de machines de production de câbles ayant plongé dans le rouge l’an dernier, plombé par la faiblesse de l’industrie automobile en Europe.
BKW chutait de près de 8%. Si l’énergéticien bernois a poursuivi sa croissance en 2024, porté par les trois segments d’activités, la prévision d’un Ebit en baisse cette année semblait affecter les investisseurs. Huber+Suhner lâchait 5,5%, après avoir publié sa performance 2024.
Galderma reculait de 5,5%, un important actionnaire du spécialiste des soins de la peau ayant cédé une partie de ses actions. Ayant aussi publié ses résultats 2024, Galenica bondissait en revanche de 3,7%. Sensirion (+13,9%) faisait encore mieux, la perte nette essuyée en 2024 et dévoilée aux aurores s’étant révélée moins importante que prévu, alors que les objectifs à moyen terme ont été confirmés. (AWP)