La Bourse suisse demeurait en immersion mardi en fin de matinée. Bousculée la veille comme ses homologues à travers la planète par l’annonce de droits de douane américains sur les importations chinoises, canadiennes et mexicaines, la place zurichoise s’inquiétait désormais d’une escalade de la guerre commerciale. Si les voisins septentrional et méridional du pays de l’oncle Sam sont parvenus à se ménager un mois de sursis, l’Empire du Milieu a, lui, opté pour la riposte.
Le pong de Xi Jinping au ping de Donald Trump comprend notamment des droits de douane accrus sur le charbon et le gaz liquéfié, ou encore sur toute une gamme de véhicules étasuniens, ainsi que des restrictions sur ses exportations de plusieurs métaux employés dans les produits de haute technologie. Pékin a également déposé plainte devant l’Organisation mondiale du commerce, dénonçant des intentions «malveillantes» de Washington.
«La Chine n’a pas attendu la rencontre prévue cette semaine entre Xi Jinping et Donald Trump pour riposter, avec en sus une enquête cartellaire à l’encontre de Google,» observe Ipek Ozkardeskaya, analyste pour la banque en ligne vaudoise Swissquote. «La guerre commerciale prend une nouvelle dimension,» abonde John Plassard. L’expert de la genevoise Mirabaud Banque souligne que l’Europe n’est pas immunisée non plus contre les mesures commerciales adoptées par l’indéchiffrable multimilliardaire étasunien, du fait de son déséquilibre commercial avec les Etats-Unis.
Notant que les contre-mesures chinoises ne concernent qu’un groupe restreint de produits américains, Commerzbank considère la réponse de Pékin comme un signe d’apaisement. «Le risque demeure toutefois élevé d’une adoption de barrières douanières à plus grande échelle», poursuivent les experts de l’établissement allemand.
A l’approche de 11 heures, le Swiss Market Index (SMI) cédait 0,61% à 12.470,26 points, le Swiss Leader Index (SLI) 0,75% à 2049,59% et le Swiss Performance Index (SPI) 0,64% à 16.533,18 points. Sur les trente valeurs vedettes, seules six se maintenaient à flot.
Les principaux rescapés se prénommaient Lonza (+0,7%), Straumann (+0,6%) ou encore Sandoz (+0,5%). Le mastodonte pharmaceutique Novartis profitait d’une recommandation à l’achat formulée par Deutsche Bank pour s’accrocher à l’équilibre. Les autres poids lourds Roche (-0,1%) et Nestlé (-0,4%) partaient à la dérive.
Les valeurs du luxe Richemont (+0,2%) et Swatch (porteur -2,3%) suivaient des trajectoires diamétralement opposées, à l’image de leurs récents résultats respectifs.
Le béhémoth bancaire UBS (-5,8%) héritait de la lanterne rouge, semblant faire l’objet de prises de bénéfices après avoir livré une performance inescomptée sur la fin de l’année dernière. La banque aux trois clés a au passage promis de gâter ses actionnaires, entre dividende relevé et programmes de rachat d’actions.
Le logisticien Kuehne +Nagel (-1,9%) tremblait aussi face à l’accumulation de nuages sur le commerce mondial.
Sur le marché élargi, le fabricant de prothèses orthopédiques et vertébrales Medacta (+7,9%) s’est maintenu l’an dernier sur la voie d’une vigoureuse croissance. (AWP)