La Bourse suisse a débuté la séance en nette baisse jeudi, dans le sillage des places américaine et asiatique. Les droits de douane US continuent d’agiter les esprits à l’approche de leur mise en oeuvre prévue le 2 avril et qui frappent désormais le secteur automobile à hauteur de 25%.
«Cela semble montrer, pour ceux qui en doutaient encore, que Donald Trump met à exécution ses menaces et ne bluffe plus», relève John Plassard de Mirabaud Banque. «En taxant les voitures, Trump souffle sur les braises d’une guerre commerciale mondiale», craint Thomas Gitzel, chef économiste chez VP Bank, rappelant que près de la moitié des véhicules vendus aux Etats-Unis sont importés et que pour les pièces détachées la part atteint 60%.
L’annonce de la Maison Blanche a pris les marchés de court. Wall Street a clôturé dans le rouge, le Dow Jones perdant 0,31%, l’indice Nasdaq 2,04% et l’indice élargi S&P 500 lâchant 1,12%. A Tokyo, les titres des géants automobiles japonais, Toyota en tête, mais aussi Mitsubishi, Honda et Nissan ont dégringolé, tout comme l’action Hyundai à Séoul, lestant les indices des deux places asiatiques.
En Europe, les constructeurs allemands ont dénoncé un «signal fatal» et leurs homologues britanniques ont appelé à un accord.
«Le sentiment baissier sur les actions américaines s’étend maintenant aux actions européennes. Les dépenses publiques massives étant déjà intégrées dans les prix, les investisseurs sont confrontés à la vérité crue des tumultueuses politiques tarifaires», pointe Ipek Ozkardeskaya chez Swissquote. «L’incertitude est le mot-clé qui décrit le mieux la situation actuelle», résume son confrère Frank Sohlleder chez ActivTrades.
Les nouvelles macroéconomiques sont plus rares ce jour, hormis la publication de l’évolution des crédits au secteur privé et de la masse monétaire M3 en zone euro, ou encore la croissance américaine au dernier trimestre 2024 attendue dans l’après-midi.
Vers 09h15 le SMI dégringolait de 1,42% à 12.771,07 points et le SLI de 1,50% à 2067,32 points. L’indice élargi SPI reculait de 0,88% à 17.008,16 points. L’ensemble des trente valeurs vedettes étaient teintées de rouge, à l’exception de Sandoz, à l’équilibre, et du bon Lindt (+0,3%) qui faisait cavalier seul en terrain positif.
Au vu de la morosité ambiante, SGS s’en tirait plutôt bien (-0,1%), au lendemain de son assemblée générale entérinant le déménagement de son siège à Zoug.
A l’inverse, UBS plongeait dans le fond du tableau (-4,2%) et tenant la lanterne rouge provisoire. La banque aux trois clés a vu son objectif de cours abaissé par Goldman Sachs à 36 francs, contre 44,50 francs précédemment, l’analyste prévoyant une baisse du bénéfice par action liée notamment aux nouvelles exigences en matière de fonds propres. Par ailleurs, la Fondation Ethos s’est vivement opposée aux rémunérations de la direction et au programme de rachat d’actions, soulignant que l’heure est au renforcement des fonds propres.
En queue de peloton également, le bon Roche (-3,5%) qui pesait de tout son poids sur l’indice, tandis que Novartis (-0,4%) et Nestlé (-0,1%) résistaient nettement mieux. (AWP)