La Bourse de Zurich semblait perdre un peu de son optimisme jeudi en fin de matinée, ses principaux indices ayant tous basculé dans le rouge. La chute du gouvernement Barnier en France plonge les marchés dans l’incertitude.
«La volatilité devrait être de mise» d’ici à la nomination d’un nouveau premier ministre, souligne John Plassard de Mirabaud Banque. «L’adoption d’un nouveau budget 2025 semble cependant être mission impossible», subodore l’expert. Mais pas d’affolement pour autant, selon sa consoeur de chez Swissquote, Ipek Ozkardeskaya. L’analyste en veut pour preuve «l’absence totale de réaction de la part de l’euro» qui écarte le risque d’une «effusion de sang sur les marchés boursiers et obligataires».
Les investisseurs ne se ruaient d’ailleurs pas jeudi matin sur des valeurs refuges comme l’or ou le franc. Vers 10h30, le franc se relâchait par rapport à l’euro et s’échangeait à 0,9315 EUR/CHF contre 0,9293 mercredi soir peu après l’annonce de l’adoption de la motion de censure par l’Assemblée nationale. L’or se négociait quant à lui en baisse de 0,31% à 2642,21 dollars l’once de métal précieux.
L’euphorie de la veille à Wall Street, où les principaux indices ont tous trois bouclé à des sommets historiques n’aura pas fait long feu. «L’autre information du jour est bien évidemment à mettre sur le compte du bitcoin qui vient de dépasser les 100.000 dollars pour la première fois de son histoire alors que le choix de Donald Trump pour la présidence de la SEC (gendarme boursier américain) a suscité l’optimisme quant à un environnement réglementaire plus amical pour l’industrie de la cryptographie», a souligné John Plassard.
En l’absence de nouvelles saillantes de la part des entreprises, les impulsions sont à chercher du côté de l’actualité macroéconomique jeudi. Le taux de chômage en Suisse, en hausse à 2,6% en novembre, retient l’attention, tandis que l’Allemagne a vu ses commandes industrielles chuter en octobre (-1,5% sur un an). En France, la production industrielle est demeurée quasi stable au cours de ce même mois. Plus tard dans la journée, on attend les ventes au détail en zone euro, ainsi que les chiffres de la balance commerciale aux Etats-Unis.
Vers 10h50, l’indice vedette SMI reculait de 0,04% à 11.779,3 points, le SLI perdait 0,14% à 1947,29 points et le SPI 0,08% à 15.690,65 points. Sur les trente principales valeurs, dix-sept reculaient, douze avançaient, tandis que la nominative Partners Group restait stable.
En rouge vif, Sika (-1,7%) s'est vu rétrograder par JPMorgan à «underweight», tandis que son objectif de cours a été ramené à 209 francs, contre 250 francs précédemment. Les attentes en matière de marges seraient trop élevées, alors que les marchés finaux ne se redressent pas aussi rapidement que prévu, ressort-il de l’analyse de la banque américaine.
VAT Group (-2,5%) et Adecco (-3,0%) complétaient le trio perdant, s’échangeant tour à tour la lanterne rouge. Peu de signes de reprise pour le spécialiste du placement de personnel selon une analyste de JPMorgan qui se montre prudente dans son évaluation, lui préférant le concurrent Randstadt.
A l’autre bout du tableau figuraient Novartis (+0,7%), Kuehne +Nagel (+0,7%) et Swiss Life (+0,7%) qui profitait d’un relèvement de son objectif de cours par Deutsche Bank et Vontobel.
Les autres poids lourds défensifs avançaient en ordre dispersé, Nestlé s’étiolant de 0,5%, tandis que Roche (+0,6%) gagnait un peu de terrain. Roche annonçait un peu plus tôt vouloir étoffer son portefeuille dans les maladies auto-immunes. Le mastodonte pharmaceutique a signé un contrat de licence avec son homologue Cour Pharmaceuticals, basé à Chicago, pour le développement et la commercialisation d’un traitement contre une telle maladie, non précisée.
Sur le marché élargi, Orior (+2,8%) avançait nettement après avoir annoncé divers ajustements dans ses capacités de production et revu sà la baisse ses objectifs annuels. Le groupe a cependant maintenu son dividende inchangé à 2,51 francs par action.
Kudelski (+6,4%) était plébiscité au lendemain de l’annonce d’une plainte aux Etats-Unis pour violation de brevet contre le réseau social Pinterest.
A l’inverse, Barry Callebaut (-1,3%) a vu son objectif de cours raboté par Vontobel, tandis que la hausse des prix du cacao met le chocolatier industriel sous pression. (AWP)