La Bourse suisse a entamé la séance de mercredi dans le rouge, dans le sillage de la clôture en repli la veille de Wall Street. Demeurant sur leurs gardes, les investisseurs s’inquiètent de la poursuite de l’escalade de la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis.
Outre-Atlantique, les principaux indices américains ont fini en baisse, après une «nouvelle escalade des tensions tarifaires. Tout d’abord malgré la proposition européenne de supprimer tous les droits de douane sur les biens industriels, y compris les voitures, Washington a rejeté l’offre, préférant compenser certains tarifs par davantage d’investissements et d’exportations. Ensuite, la Chine a ordonné à toutes ses compagnies aériennes domestiques de suspendre les livraisons Boeing et l’achat de pièces détachées américaines, en réponse aux 145% de tarifs douaniers américains», observe John Plassard de Mirabaud Banque.
L’économie chinoise s’est elle montrée plus solide qu’attendu au 1er trimestre, stimulée en particulier par les expéditions anticipées de marchandises avant les nouvelles exorbitantes surtaxes douanières de Donald Trump. Celles-ci mettent toutefois l’Empire du Milieu sous «pression», a concédé Pékin. La croissance du Produit intérieur brut (PIB) était de 5,4% sur un an, un résultat bien supérieur aux 5,1% prévus par un panel d’analystes interrogés par l’AFP.
Politique tarifaire «incohérente»
Ancienne présidente de la Réserve fédérale (Fed) Janet Yellen a critiqué mardi la politique tarifaire de Donald Trump, la qualifiant «d’incohérente» et «dénuée de bon sens», tout en estimant que la Chine souhaite une désescalade du conflit commercial. Elle a aussi exprimé son incompréhension quant au ciblage de pays comme le Vietnam, encouragé par les États-Unis à diversifier les chaînes d’approvisionnement loin de la Chine.
Janet Yellen a averti que les niveaux actuels de droits de douane avec la Chine pourraient entraîner un découplage économique profond entre les deux superpuissances. Elle a aussi relevé que les droits de douane supplémentaires imposent une lourde charge aux ménages américains et entraînent une perte de confiance visible dans la volatilité du marché obligataire et l’affaiblissement du dollar.
Les vedettes dans le rouge
A la Bourse suisse, le SMI, après avoir démarré sur un net repli de 0,68%, réduisait quelque peu ses pertes dans les tout premiers échanges, l’indice phare notant peu avant 09h15 à 11.560,77 points, soit un recul de 0,41%. Le SLI lâchait de son côté 0,74% à 1859,33 points et l’indicateur élargi SPI 0,51% à 15.581,41 points.
Sur les trente valeurs constitutives du Swiss Leader Index, les gagnants se comptaient sur les doigts d’une main, les 25 autres perdant du terrain. En queue de classement, le fabricant bâlois d’implants dentaires Straumann (-4%) héritait de la lanterne rouge, UBS ayant réduit son objectif de cours, tout en continuant de recommander le titre à la vente. Le gestionnaire d’actifs zougois Partners Group (-3,4%) était aussi à la peine, tout comme l’équipementier saint-gallois de pompes à vide VAT Group (-3,1%) et le spécialiste valdo-californien de périphériques et accessoires informatiques Logitech (-2,3%).
Nvidia inquiet face à la guerre des «tariffs»
Le géant américain des puces Nvidia a annoncé mardi que les nouvelles restrictions à l’export de semi-conducteurs vers la Chine vont lui coûter 5,5 milliards de dollars de charge exceptionnelle au premier trimestre de son exercice fiscal. Le gouvernement de Donald Trump a fait savoir la semaine dernière au groupe californien qu’il devrait désormais obtenir une licence pour exporter certaines puces d’intelligence artificielle (IA) vers la Chine et d’autres pays, d’après un document déposé par l’entreprise auprès de la SEC, le gendarme boursier américain.
Du côté des trois poids lourds de la cote, Nestlé et Novartis évoluaient dans le vert, affichant tous deux des gains de 0,3%, alors que le bon de l’autre géant pharma bâlois Roche abandonnait 0,8%.
Nestlé se positionnait sur la plus haute marche du podium provisoire, suivi par le chocolatier zurichois Lindt&Sprüngli (+0,3%) et Novartis. Schindler et Lonza +0,3% également venaient compléter le petit groupe des gagnants.
Sur le marché élargi, traité hors dividende de 5,70 francs par action, Flughafen Zürich reculait de 2,2% ou 4,60 francs. Villars Holding bondissait de 6,1% après avoir annoncé mardi après la clôture un résultat d’exploitation et un bénéfice net en progression l’an dernier, malgré un repli de 3,9% en moyenne des chiffres d’affaires de ses sociétés commerciales. (AWP)