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La BNS campe sur ses positions

Le taux directeur et le taux d'intérêt négatif appliqué aux avoirs à vue ont été maintenus à -0,75% pour "soutenir la reprise de l'économie suisse", a indiqué ce jeudi Thomas Jordan.

La Suisse devrait également poursuivre sa reprise économique avec une croissance attendue du produit intérieur brut (PIB) "d'environ" 3,5% cette année.
Keystone
La Suisse devrait également poursuivre sa reprise économique avec une croissance attendue du produit intérieur brut (PIB) "d'environ" 3,5% cette année.
16 décembre 2021, 15h06
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La Banque nationale suisse (BNS) a maintenu jeudi sa politique monétaire inchangée et émis des prévisions modérées en matière d'inflation. Mais face à l'accélération mondiale des prix, les grandes banques centrales comme la Fed et la BCE ont commencé à serrer la vis.

Sans grande surprise pour les analystes, l'institut d'émission helvétique a reconduit sa politique monétaire ultra-accommodante qu'elle mène depuis 2015. Le taux directeur et le taux d'intérêt négatif appliqué aux avoirs à vue ont été maintenus à -0,75%.

La banque centrale reste également "disposé à intervenir au besoin sur le marché des changes afin d'atténuer les pressions à la hausse sur le franc", a-t-elle précisé lors de sa dernière réunion de l'année. Car pour la BNS, la monnaie nationale "se maintient à un niveau élevé".

Le franc, valeur refuge recherchée en période de crise, s'est nettement apprécié depuis le début de l'année, mettant les exportateurs suisses sous pression. Alors que la devise nationale s'échangeait encore à 1,1152 franc pour un euro début mars, la paire de devises s'est depuis nettement appréciée, atteignant début décembre 1,0376 EUR/CHF.

Par ces mesures, la BNS veut "assurer la stabilité des prix et soutenir la reprise de l'économie suisse" dans le contexte incertain de la pandémie de coronavirus, a indiqué le président de l'institut d'émission Thomas Jordan. La politique monétaire de la BNS demeure "judicieuse", selon le texte de son discours à la conférence de presse. A cela s'ajoute une intervention "au besoin" sur le marché des changes.

Thomas Jordan a cependant concédé la difficulté d'interpréter l'évolution des cours de change en raison du différentiel des taux d'inflation entre la Suisse et l'étranger. Mais la BNS estime que la monnaie helvétique est tout de même "à un niveau élevé".

"L'appréciation que le franc a connu ces derniers mois a (...) contribué à maintenir l'évolution des prix en Suisse à un niveau relativement bas", a estimé M. Jordan.

La BNS a ajusté ses prévisions d'inflation pour cette année et la suivante, en raison de la hausse des prix à l'importation des produits pétroliers et des biens concernés par des difficultés d'approvisionnement. Les attentes d'inflation s'inscrivent à 0,6% pour 2021, 1% pour 2022 et 0,6% pour 2023. Bien loin des 6,8% en novembre en glissement annuel aux Etats-Unis et 4,9% dans la zone euro.

Concernant la croissance économique, l'institut d'émission table sur une progression du produit intérieur brut (PIB) suisse d'environ 3,5% cette année, après "environ" 3% en septembre. La BNS table sur une évolution plus dynamique que ce qui avait été prévu alors dans l'hébergement et la restauration.

Pour 2022, la BNS s'attend à une croissance du PIB d'environ 3%. Le chômage devrait encore fléchir quelque peu et l'utilisation des capacités de production continuer à se normaliser.

La BNS devrait rester de marbre

La décision de la banque centrale suisse de maintenir sa politique monétaire accommodante intervient alors que les grands instituts d'émission sont sous pression pour réagir à l'inflation en forte hausse.

La Fed a annoncé la veille son intention de relever les taux directeurs en 2022 et d'avancer la fin du soutien à l'économie pour affronter les conséquences de la pandémie. L'inflation aux Etats-Unis devrait atteindre 5,3% en 2021 et 2,6% en 2022, a indiqué la Fed, alors qu'elle prévoyait en septembre respectivement 4,2% et 2,2%.

Pour contrer cette escalade des prix, la puissante institution envisage de cesser ses achats d'actifs dès mars, avec trois mois d'avance sur le calendrier initial. Le ralentissement progressif des achats d'actifs, débuté en novembre, devait initialement se terminer en juin.

La Banque centrale européenne (BCE) lui a emboité le pas ce jeudi. Elle a laissé ses taux directeurs à leur plus bas historique, tout en annonçant une "réduction graduelle du rythme de rachat d'actifs" face à la pandémie. L'institut francfortois mettra fin d'ici mars 2022 à son principal soutien face à la pandémie, les achats nets de dette dans le cadre de son programme d'achat d'urgence contre la pandémie (PEPP).

Pour Gero Jung, chef économiste chez Mirabaud, les prévisions d'inflation modérées en Suisse laissent présager une poursuite du statu quo monétaire par la BNS. "La BNS reste fidèle à elle-même", a renchéri Thomas Gitzel de VP Bank. Ce dernier ne s'attend pas non plus à des changements. (AWP)

La BNS toujours opposée à un fonds souverain

Le président de la Banque nationale suisse (BNS), Thomas Jordan, est toujours opposé à la création d'un fonds souverain helvétique. "Je ne pense pas que ce soit une bonne idée", a-t-il estimé jeudi lors d'une conférence de presse.

Une telle décision serait "fortement problématique" d'un point de vue de politique monétaire et pourrait influencer l'indépendance de l'institut d'émission, a-t-il insisté.

M. Jordan a par ailleurs évoqué "un nombre important de questions juridiques et institutionnelles", car "prélever des actifs auprès de la Banque nationale n'est absolument pas permis".

La comparaison avec le fonds souverain norvégien n'est pas tenable, a argumenté M. Jordan. Alors que les actifs de la BNS sont le fruit de sa politique monétaire, la Norvège investit des fonds publics gagnés avec la vente d'hydrocarbures. (AWP)

Le remplacement du Libor par le Saron progresse rapidement

Fin 2021, le Libor, l'un des taux d'intérêt de référence du marché monétaire, cessera d'être établi pour le franc, l'euro, le yen et la livre sterling, a rappelé Andréa Maechler, membre de la direction générale de la Banque nationale suisse (BNS) jeudi en conférence de presse. Pour ce qui est du franc, le Saron va intégralement remplacer le Libor comme principal taux d'intérêt de référence du marché monétaire dès la fin de l'année. Le passage au Saron progresse rapidement, a souligné Mme Maechler. Depuis le milieu de l'année, tous les nouveaux produits financiers à taux variable ne se réfèrent en principe plus qu'au Saron. Il en est de même pour le marché du crédit, qui a rapidement opéré le passage au Saron. Depuis juin 2021, les nouveaux prêts octroyés dans l'ensemble des segments du marché se réfèrent presque uniquement à ce taux de référence. D'ici la fin de l'année, de dernières adaptations d'ordre opérationnel seront encore nécessaires et requerront toute l'attention des acteurs du marché, notamment pour certains swaps de taux d'intérêts ou futures sur taux, a-t-elle insisté. (AWP)