Le troisième trimestre se solde par des pertes sévères pour les investisseurs en obligations confrontés à une correction d’une sévérité inédite et lourde de conséquences pour les autres catégories d’actifs. Dans un contexte envenimé par le retour de l’inflation, les bénéfices de la diversification des portefeuilles combinant actions et obligations sont fortement amoindris.
Aux USA, le rendement du T-Note à 10 ans a brièvement atteint 4% avant de refluer aux environs de 3,75 % suite à une intervention «salvatrice» opérée par… la Banque d’Angleterre.
Préserver le fonctionnement du système financier
Fait saillant de la semaine écoulée, la décision de la banque centrale britannique d’acheter des «gilts» à long terme pour endiguer la crise provoquée par le «mini budget» du gouvernement Truss a favorisé un rétablissement précaire de la confiance des investisseurs et une décrue spectaculaire des rendements en livres sterling qui avaient littéralement explosé en passant de 3,5% à plus de 4,5% en trois sessions!
Ironiquement, la Banque d’Angleterre a débuté des achats d’emprunts du Trésor britannique moins d’une semaine après avoir relevé son taux d’intérêt de base de 0,5% et confirmé sa volonté de réduire son portefeuille d’actifs. Reprenant à son compte une méthode inaugurée par Mario Draghi, la Banque d’Angleterre évoque des achats potentiellement illimités. Cette action est toutefois ciblée sur la dette à long terme dont le comportement erratique constituait une menace pour les fonds de pension britannique et leurs contreparties. L’objectif de réduction du portefeuille d’actifs de la Banque d’Angleterre est maintenu, mais les ventes ne débuteront pas avant le 31 octobre. De même, les perspectives de relèvements des taux d’intérêt ne sont pas remises en question par ces achats ciblés et vraisemblablement temporaires.
L’intervention de la Banque d’Angleterre vient rappeler que la mission des banques centrales consiste aussi à préserver le fonctionnement du système financier, même en cas de flambée inflationniste.
Un possibleretour du «Fed put»
Dans le même registre, la Vice Chairwoman de la Fed, Lael Brainard, a relevé que les autorités monétaires américaines surveillaient attentivement les «vulnérabilités financières» qui pourraient résulter de nouveaux chocs. Une réactivation du «Fed put» n’est donc pas complétement exclue si les circonstances l’exigent. Tous les représentants de la Fed qui se sont exprimés la semaine passée ont cependant confirmé le caractère prioritaire de la lutte contre l’inflation et la faible probabilité d’assister à un revirement rapide.
Sur le marché des capitaux en euros, les rendements sont en net repli après avoir culminé avant l’entrée en scène de la Banque d’Angleterre. Le rendement du Bund est ainsi passé de 2,35% à 1,95%. Le reflux est encore plus prononcé sur les échéances courtes, ce qui traduit une réévaluation des perspectives de relèvements des taux d’intérêt sans lien évident avec l’actualité fondamentale.

L’accélération persistante de l’inflation dans la zone euro en septembre (1,2% mensuel, 10% en glissement; respectivement 1% et 4,8% hors énergie et alimentation) devrait conforter la BCE dans sa volonté de resserrer les vannes du crédit pour rétablir la stabilité des prix alors que le marché du travail demeure tendu au regard des normes historiques (taux de chômage à 6,6%, au plus bas depuis la constitution de la zone euro).