Le secteur du négoce de matières premières et du transport maritime joue un rôle unique dans la promotion du respect des droits de l'homme dans les entreprises. Grâce à son pouvoir de renforcer la valeur des matières premières par des décisions d'investissement, le secteur peut également jouer un rôle essentiel dans l'atténuation de l'impact de la pandémie sur les droits de l'homme et soutenir le développement d'entreprises durables.
La pandémie pose des défis sans précédent en matière de droits de l'homme pour le commerce mondial. Un bon exemple est la crise actuelle des changements d'équipage, qui concerne des centaines de milliers de marins bloqués à bord de navires dans le monde entier. La déclaration de Neptune, un accord de collaboration qui vise à résoudre ce problème, a été signée par plus de 600 acteurs du secteur maritime, dont des négociants en matières premières. Elle préconise plusieurs actions telles que la reconnaissance des marins en tant que travailleurs clés pour leur accorder un accès prioritaire aux vaccins et l'adoption de protocoles sanitaires acceptés universellement lors des changements d'équipage.
Un autre exemple est la crise humanitaire en République démocratique du Congo, aggravée par le COVID-19. Les perturbations dans les activités minières et la fermeture des frontières qui compliquent l'approvisionnement continuent à intensifier les difficultés rencontrées par des millions de ménages qui dépendent du secteur minier congolais. L'exposition aux risques liés aux droits de l'homme, y compris les questions de santé et de sécurité et le travail des enfants, est accentuée pendant la pandémie car les audits de la chaîne d'approvisionnement sur place sont souvent impossibles, malgré la forte nécessité d'une surveillance étroite. De la même manière, les entreprises qui s'approvisionnent en café et en cacao sont soumises à des pressions pour lutter contre la prévalence accrue du travail des enfants.
C'est là que peuvent intervenir les négociants en matières premières, avec leur expertise inhérente en matière de gestion des risques et leur capacité à influencer les actions des entreprises. Nos recherches au Geneva Center for Business and Human Rights illustrent l'influence inégalée des sociétés de négoce de matières premières sur les acteurs en amont tels que les exploitants de mines et les coopératives minières. Cette influence n'est pas spécifique à une matière première ou à une industrie. En prenant des engagements à long terme avec leurs fournisseurs et en exigeant le respect de normes concrètes en matière de droits de l'homme dans les secteurs dans lesquels ils investissent, les négociants en matières premières peuvent faire progresser la responsabilité des entreprises en matière de respect des droits de l'homme tout en assurant une plus large adhésion du marché aux matières premières qu'ils s'approvisionnent de manière responsable. Ainsi, les négociants en matières premières peuvent agir comme une force puissante pour susciter des changements positifs, même dans les couches les plus profondes des chaînes d'approvisionnement.
Afin de fournir aux leaders du négoce des matières premières et de l'industrie du transport maritime les connaissances et les outils nécessaires pour gérer les problèmes liés aux droits de l'homme, la Geneva School for Economics and Management intègre des éléments relatifs aux droits de l'homme dans ses cours : Le Diploma of Advanced Studies in Commodity Trading, un programme de leadership à temps partiel développé en collaboration avec la STSA, et le Master of Science in Commodity Trading, qui propose un cours de base sur l'éthique des affaires et les droits de l'homme.