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Le rôle de la réglementation dans la baisse des émissions de CO2 du transport maritime

Les derniers règlements de l'Organisation maritime internationale (OMI) relatifs à la décarbonisation auront un impact sur le secteur maritime, et même s'il y a bien plus à venir, elle ne pourra y arriver seule.

Le rôle de la réglementation dans la baisse des émissions de CO2 du transport maritime
Chris Hughes
Shipping Markets, Lloyd's Register - Global Lead
15 mars 2021, 0h01
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Après la mise en vigueur de « OMI 2020 » et depuis le 1er janvier 2020 la limite de la teneur en soufre du fuel-oil utilisé à bord des navires est respectée à plus de 99 %. Cette mesure entraîne une réduction significative des émissions d’oxydes de soufre (SOx) provenant des navires et devrait avoir un impact positif sur l’environnement et la santé humaine, et plus particulièrement pour celle des populations vivant à proximité des ports. Le transport maritime entre maintenant dans sa troisième révolution de propulsion. Les voiles ont été remplacées par la machine à vapeur, qui à son tour a été remplacée par le diesel ; nous devons maintenant passer à de nouveaux carburants à émissions de carbone nulles. Les moteurs diesel continueront à jouer un rôle dans la consommation de ces nouveaux carburants sans émission de carbone et, dans un mouvement de symétrie, nous assisterons au retour des voiles pour compléter les systèmes de propulsion mécanique. Cependant, alors que les deux premières révolutions ont été catalysées par des développements technologiques qui ont ouvert de nouvelles opportunités économiques ; cette fois, la réglementation sera le moteur du changement en remédiant à la défaillance du secteur et en donnant l'impulsion économique nécessaire au développement de nouvelles technologies et sources d'énergie.

Plus de travail, moins de carburant

Lors de la récente réunion du Comité de l'environnement (MEPC75), l'OMI a convenu de mesures à court terme pour réduire les émissions de gaz à effet de serre du transport maritime, comprenant une exigence pour les navires existants de répondre essentiellement aux mêmes critères d'efficacité technique que celles appliquées aux nouveaux navires (EEXI), et une exigence de réduction de l'intensité en carbone (CII). Ces deux règlements ont des implications commerciales et opérationnelles pour les négociants de matières premières et les affréteurs. L'EEXI entrera en vigueur fin 2022/2023, et bien que son impact global sur le secteur devrait être limité, il pourrait avoir des implications plus importantes pour les navires individuels (moins efficaces). Après l'EEXI vient le CII : il exercera une pression croissante sur les flottes entre 2023 et 2030, car les exigences se resserreront progressivement chaque année, ce qui se traduira en fin de compte par une date limite d'utilisation pour chaque navire. L'impact sur les navires moins efficaces sera plus important ; les performances commerciales d'un navire seront plus sensibles à ses caractéristiques techniques que par le passé ; et la conformité ne sera plus noire ou blanche, mais dans des nuances de vert.

Plus de faits, moins de paroles

Les récentes réunions de l'OMI ont notamment débattu du niveau d'ambition des futures réglementations, et sur la nécessité d'accélérer les travaux relatifs aux mesures basées sur le secteur afin d’encourager la transition vers des carburants alternatifs, à faible et à zéro émission de carbone. Toutefois, l'OMI dispose actuellement de très peu d'informations sur la disponibilité et les coûts de ces nouveaux carburants, sur la technologie permettant de les stocker et de les consommer à bord, et enfin sur les répercussions finales sur l’industrie. Le « Lloyd’s Register Maritime Decarbonisation Hub » a été créé afin d’accélérer la décarbonisation du secteur maritime en entreprenant des projets collaboratifs qui produisent les faits et les données dont l'OMI et l'industrie au sens large ont besoin pour passer des paroles aux actes.

La conférence « OMI 2020 » sur les réductions des émissions d’oxydes de soufre a souligné l'importance d'impliquer tous les acteurs de la chaîne de valeur du transport maritime dans l'élaboration des réglementations. En attendant de voir la suite, tous les yeux sont rivés sur les régulateurs: cependant, si les professionnels du transport maritime ne leur fournissent pas les bonnes informations et les impulsions nécessaires, il sera difficile pour l'OMI de prendre les décisions audacieuses et opportunes qui sont nécessaires pour baisser les émissions de CO2 dans le transport maritime.