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Faut-il craindre un défaut de paiement des Etats-Unis?

Les politiciens américains se livrent à un jeu dangereux, mais dont l’issue ne sera probablement pas fatale.

En 2011, un accord n’avait été trouvé que deux jours avant un potentiel défaut de paiement du Trésor.
Keystone
En 2011, un accord n’avait été trouvé que deux jours avant un potentiel défaut de paiement du Trésor.
François Christen
One Swiss Bank à Genève
25 avril 2023, 18h30
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L’actualité économique, sans grand relief, n’a pas provoqué de mouvements significatifs sur le marché des capitaux en dollars: le rendement du T-Note US à 10 ans s’établit toujours aux environs de 3,5% alors que le rendement du T-Note à 2 ans est resté à proximité de 4,2%, loin d’un T-Bill à 3 mois dont le rendement culmine désormais à proximité de 5,25%. L’inversion s’est donc accentuée pour atteindre un niveau vertigineux de près de 160 points de base qui traduit des risques de récession élevés, corroborés par la chute de l’indicateur avancé du Conference Board (en repli de 1,2 point, à 108,5 en mars).

Les indicateurs coïncidents continuent toutefois à surprendre favorablement et à déjouer les pronostics de récession. L’estimation préliminaire des PMIs publiés par S&P Global met en lumière une légère amélioration de la marche des affaires tant pour le secteur manufacturier (50,4 en avril après 49,2 en mars) que pour les entreprises de services (53,7 en avril après 52,3 en mars). La récession annoncée par les indicateurs avancés se fait attendre. Le redressement des PMIs devrait conforter la FOMC dans sa volonté de maintenir un cap restrictif pour contenir une inflation sous-jacente qui reste élevée malgré le repli des prix des matières premières et de nombreux produits manufacturés. Les résultats généralement rassurants dévoilés par les grandes banques invitent aussi la Fed à recentrer son action sur la stabilité des prix, tout en accordant des prêts substantiels aux banques régionales confrontées à des retraits massifs.

Faut-il craindre un défaut de paiement des Etats-Unis?

Dans le registre politique, l’enlisement des négociations visant à relever le «plafond de la dette» fédérale commence à déployer des effets tangibles sur certains segments du marché financier. Les instruments dérivés permettant de s’assurer contre une défaillance de crédit (CDS) sont logiquement affectés par un affrontement impliquant un gouvernement démocrate et une majorité républicaine hétérogène à la Chambre des représentants.

En 2011, un accord n’avait été trouvé que deux jours avant un potentiel défaut de paiement du Trésor. Aujourd’hui encore, il est presque certain que les Etats-Unis ne prendront le risque d’infliger à leurs créanciers un défaut qui aurait des conséquences systémiques incalculables, même sous l’hypothèse d’un paiement différé de quelques jours. Bien qu’infime, le risque d’un défaut «technique» entraîne des distorsions sur le marché des T-bills où les titres à très court terme sont désormais significativement plus chers que les titres exposés à un hypothétique défaut de paiement. Malgré ces tensions épidermiques, les investisseurs ont certainement raison de rester sereins et d’ignorer les gesticulations politiques qui nous valent un énième remake du «Chickie Run» de la Fureur de vivre (à l’issue fatale pour l’un des protagonistes).

En Europe, comme aux Etats-Unis, les PMIs traduisent une légère amélioration du climat des affaires, imputable au renforcement des activités de services, alors que le secteur manufacturier semble être entré en récession. Cette zone d’ombre ne devrait toutefois pas dissuader la BCE de relever son taux d’intérêt la semaine prochaine en raison de la persistance des tensions inflationnistes sous-jacentes dans un contexte qui s’apparente au plein-emploi au regard des normes historiques de la zone euro.

Au Royaume-Uni, les prix à la consommation ont bondi de 0,8% en mars, impliquant un renchérissement annuel de 10,1%. Hors énergie et alimentation, l’augmentation des prix se chiffre à 0,9% sur un mois et 6,2% en glissement annuel. Cette inertie de l’inflation pourrait conduire la Banque d’Angleterre à relever son taux d’intérêt directeur à 4,5% malgré la faiblesse avérée de la conjoncture britannique.