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Etats-Unis: la hausse des taux hypothécaires ne devrait pas décourager les acheteurs

Les taux à 30 ans se dirigent vers les 3,5%, ce qui reste "incroyablement bas" mais devrait tout de même ralentir un secteur des prêts immobiliers en grande forme depuis le début de la crise.

Lawrence Yun, économiste pour la Fédération nationale des agents immobiliers (NAR), table sur des ventes immobilières en hausse de 15% en 2021.
Keystone
Lawrence Yun, économiste pour la Fédération nationale des agents immobiliers (NAR), table sur des ventes immobilières en hausse de 15% en 2021.
21 mars 2021, 11h59
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Après une année de taux historiquement bas aux Etats-Unis, les taux d'intérêt des crédits immobiliers ont entamé une timide remontée, qui ne devrait toutefois pas décourager les acheteurs même si le secteur en excellente santé depuis le début de la crise devrait ralentir.

"Nous avons vu les taux hypothécaires augmenter au cours du dernier mois environ", indique à l'AFP Joel Kan, économiste pour l'association des courtiers immobiliers Mortgage Bankers Association (MBA).

Les taux à 30 ans ont franchi la barre des 3%, sous laquelle ils évoluaient depuis juillet, du jamais vu. Ils devraient atteindre les 3,5% d'ici la fin de l'année. "Ils suivent l'évolution des taux du Trésor américain à 10 ans", détaille Joel Kan.

Les perspectives plus optimistes pour l'économie américaine et les spéculations sur l'inflation en raison d'une potentielle surchauffe de l'économie ont fait bondir les rendements des bons du Trésor.

Au cours des dix dernières années, les taux hypothécaires évoluaient autour de 4%, un taux bien inférieur aux plus de 8% du début des années 2000.

Le record date du début des années 1980: plus de 18%, selon les données de Freddie Mac, organisme semi-public de refinancement hypothécaire, qui rachète aux banques les prêts immobiliers, et les garantit.

Les refinancements ou demandes pour renégocier en baisse les taux sur les prêts existants ont déjà commencé à diminuer, "la fenêtre pour les refinancements est fermée", relève encore Joel Kan.

Taux "incroyablement bas"

Mais cela ne devrait pas faire fuir les acheteurs potentiels de maisons et appartements, qui devraient rester nombreux au moins jusqu'à l'automne. Car même à 3,5%, ces taux restent "incroyablement bas", souligne Lawrence Yun, économiste pour la Fédération nationale des agents immobiliers (NAR). Il table sur des ventes immobilières en hausse de 15% en 2021.

Il relève que la hausse des taux - "une mauvaise nouvelle pour les acheteurs désormais confrontés à des taux d'intérêt plus élevés, à des mensualités plus élevées" - sera compensée par la forte croissance économique attendue dès le printemps. Celle-ci améliorera la situation de l'emploi, et donc le pouvoir d'achat de millions de ménages.

D'autant plus que des millions d'Américains, qui télétravaillent depuis un an, n'ont aucune intention, même lorsqu'ils seront vaccinés, de retourner au bureau toute la semaine.

Désormais libérés de la contrainte géographique d'habiter près de leur travail, ils sont des milliers à avoir quitté les centres-villes pour une grande maison au calme depuis laquelle ils peuvent télétravailler.

Joel Kan ajoute que le taux hypothécaire n'est pas le critère le plus important pour les acheteurs, tant qu'ils trouvent la maison de leur rêve. Selon lui, de nombreux primo-accédants devraient rejoindre le marché.

Matériaux plus chers

Pour l'heure, le marché immobilier pâtit plutôt d'un stock de logements en vente insuffisant pour répondre à la forte demande.

Les ventes dans l'ancien ont, en 2020, bondi de 5,6% par rapport à 2019, et atteint leur niveau le plus élevé depuis 2006, juste avant l'éclatement de la bulle immobilière qui avait conduit à la crise financière et à la Grande récession de 2009.

La pénurie de biens devrait contribuer à soutenir l'activité de construction, "en particulier dans le secteur des maisons individuelles", observe Rubeela Farooqi, économiste pour HFE, dans une note.

Mais les constructeurs ralentissent une partie de la production de maisons individuelles "car les coûts du bois et d'autres matériaux, ainsi que les taux d'intérêt, continuent d'augmenter", a commenté cette semaine Chuck Fowke, président de la Fédération des constructeurs immobiliers (NAHB).

Face à la pénurie de biens, les prix pourraient également freiner l'accès à l'immobilier: le prix moyen des logements neufs a ainsi grimpé de 6,5% en un an, passant de 384.000 dollars en janvier 2020 à 408.800 dollars en janvier 2021, selon les données du département du Commerce. (AWP)